mardi, août 30, 2005

Katrina

Hier matin, je craignais une contraction espace-temps, me retrouvant de nouveau à New Orleans, mais deux semaines plus tard.

Heureusement, le cyclone que l'on disait de "catégorie 5" s'est transformé en "catégorie 4", ce qui n'est pas non plus une brise printanière.

Je pensais à tous ces gens croisés dans le Sud, du guide touristique à l'entrée de la Louisiane au trompettiste sur Royal Street, du chanteur country au garde de sécurité à Montgomery, du serveur dans un bar d'hôtel à Gulfport à cette dame sur la rue qui nous a gentiment adressé la parole, de ces personnes âgées que j'ai vues danser sur les rythmes country, qui sont en ce moment sans foyer. De même que le Cajun qui animait la visite touristique des marécages. Et j'imaginais les personnes au Superdome qui entendaient gronder Katrina, rassurant leurs enfants, la foule de 7000 personnes enfermés en ce lieu, qui craignaient une catastrophe écologique, puis ce morceau de plafond qui cède pour laisser entrer la pluie. Le vu n'est pas la télé, ce sont des gens qui étaient là, une catastrophe dont les conséquences sont significatives et incarnées. Le journal télévisé ne nous livre jamais le senti d'un événement. Et si je connaissais des gens en Irak ou en Palestine... La bonne preuve: je n'ai jusqu'à aujourd'hui pas encore été touchée par la nouvelle d'un ouragan, mais cette fois-ci, je suivais attentivement les nouvelles.

D'autres sont restés sur les lieux pour observer cette "catastrophe", à Hollywood entre autres, se promenant sur des matelas de piscine sur l'eau de la rue (bonne eau d'égout, hum).

Heureuse maintenant que Katrina ait été matée par le continent. Les habitants du Sud sont désormais sans foyer pendant une semaine, mais New Orleans vivra encore.

vendredi, août 26, 2005

Un cowboy fringant

La promenade au Sud des États-Unis est déjà loin.

J'espère récupérer l'entrevue réalisée avec Duane Parker (mon appareil photo égaré... enfin, une longue histoire). Duane a devant lui une carrière qui le fera apparaître sur l'écran du Musique Plus Country. En exclusivité, un chanteur qui m'a fait apprécier cette musique naïve. Je vous promets son interprétation de "Your Cheating Heart" (Hank Williams), si j'ai la chance de récupérer ce document.

Ça me fait oublier les méandres de l'Éducation. En attendant, je dois m'adonner à la préparation de mes cours... qui seront dispensés je ne sais ou encore.

lundi, août 22, 2005

Par la fenêtre

J'ai fermé le rideau de cette fenêtre, le temps de l'été, recluse dans un silence, en sauvage, sans inspiration, que de transpiration d'un solstice qui à la fin m'aura fait mûrir comme un fruit au soleil. Tout à coup, j'ai vu les traces du passage des rayons chauds, qui ont laissé le tan et les ridules d'une femme pourtant déjà mûre, qui ne s'était pas rendu compte qu'elle avait ainsi muri, sa peau n'est plus aussi lisse, elle est devenue moins infantile, et s'est sentie prise dans ses bottines de fillette qui l'empêchaient de bouger; les pieds ont pris davantage de place sur le terrain. Elle n'avait pas encore compris qu'elle avait grandi dans ce silence pourtant court.

Comme toute croissance, ce fut souffrance, solitude, et à la fois davantage de profondeur et de conscience des limites que j'ai osé parfois transgresser, même quand l'angoisse se pointait au détour d'un aéroport, au détour d'une longue route en forêt, au détour d'étrangers qui ne me regardent plus en fillette.

Pourtant, j'ai perdu en cours de route un peu de rire infantile, qui parfois ose ressurgir au passage d'un bon mot ou de la candeur des belles femmes noires du Sud des États-Unis.

Au coeur du pays le plus maudit en ce moment, j'ai écouté la country music un soir dans une "légion" américaine, ne comprenant pas du tout l'écart entre, d'un côté, l'élan meurtrier et d'un autre côté, la sentimentalité et la chaleur des Américains. La Guerre civile gronde toujours en silence centre-ville dans les tripes du Mississippi et la Soul Food à 100 degrés F donnent des hallucinations.

Entretemps, le sous-commandant Marcos m'a saluée au journal télévisé, et j'ai presque regretté le Mexique.

Les églises. Partout, des affiches "Church", bien avant le nom de la ville. Et des preachers en miracle chaque jour sur grand écran de motel 6 ou genre.

New Orleans, Bourbon Street. La musique a été créée par les Noirs au Sud, c'est confirmé. Et la folie, la ville la plus folle que j'aie vue jusqu'à présent. Et la plus redoutable.

Au coeur de l'Amérique, il me semble avoir compris que ce ne sont plus des humains qui sont au coeur d'une tuerie qui fait parler le Monde.