lundi, mai 23, 2005

Il serait temps que la lumière soit. Le ciel depuis quelques semaines ressemble à la fin du monde.

Cette déprime que l'on porte parfois au coeur de soi, on la compacte, espérant qu'elle passe et que personne ne la touche et en soit touché. Le lendemain, quand ça va mieux, on est heureux de l'avoir tue ou tuée. Ce weekend, aucune énergie pour lire quelque chose de profond sans avoir l'arme ou la larme à l'oeil. Weekend de doute sur à peu près tout.

Je m'accroche au sens que j'ai pu créer au fil du temps. Et je repense à Camus, à l'Homme révolté, à la solidarité humaine, à l'universalité de la condition humaine. Ça m'a toujours sauvé la vie. Comme quoi l'Art sauve la vie. Aussi, n'est pas artiste qui veut; je préfère de loin un texte humaniste moyennement écrit qu'une ode magnifiquement écrite à la gloire du petit Moi. Évidemment, n'est pas Dostoïevski qui veut.

Comme d'habitude, je vole au-dessus de ma souffrance en neurones accélérés.

Prise au piège par l'autocritique, je me passe au "check-list" mental : Belle ? Non ! Intelligente ? Ça passe. Mentalement acceptable ? Plus ou moins. Et drôle de bilan sentimental. J'aurais encore moins su être une bonne mère de famille ou une femme de maison passable. Et cette tristesse qui déborde tant qu'elle se lit dans tout mon être. Encore un fardeau que je porte et qui devrait être "débarqué de sur mes épaules".

J'ai revu une copine d'université vendredi dernier, pour partir le weekend du bon pied. A-heu. Une copine qui a perdu pied à un moment de sa vie, après le baccalauréat en littérature. Elle est montée dans le bus, j'ai cru voir une femme d'une soixantaine d'années, comme on en voit tant dans le transport en commun. Non, il s'agissait de M., j'ai reconnu ses yeux bleus et cette fois hagards, sa bouche insatisfaite; en tenue de vieille dame excentrique, large robe de jeans agencée à un immense collier de perles. Et la souffrance, qui était ce soir-là au sous-sol, a pris l'ascenseur vers les étages supérieurs. Calmants et anti-psychotiques de toutes sortes aidant, elle ne m'a pas reconnue. Je n'ai jamais envie que la folie me reconnaisse, je l'ai fuie en quittant Trois-Rivières, ville dans laquelle le jet set psychiatrique est tellement grand qu'il risque de vous avaler. Ce n'est pas tant elle qui m'effraie, comme cette chose qui nous guette tous. La peur de sombrer aussi en vertige dans le bus, je cachais mon visage pour que la folie ne m'aggripe pas, ne me dévore pas, ne me noie pas.

De fil en aiguille, je revoyais L., la sainte imbécile qui tournait en dérision le comportement de M. dans les couloirs de l'université. Celle-là, elle n'a pas décroché de prix Nobel. Et j'avais le coeur gros de tant de bêtise, ce vendredi, dans le maudit bus. Je pense que je suis mûre pour un char, moi, coudonc.

Ce sont en réalité ces propos qui déclenchent un préjugé envers les personnes souffrantes. Nous avons peur. Voyez pourquoi on cherche tant à noyer la souffrance et de faire croire au monde entier que nous sommes "sains". Et "sains", ça veut dire qu'on fait son ménage, qu'on paie ses comptes, qu'on travaille, qu'on se lave, qu'on prend des vacances. Amalgame inconditionnel de notre intégration sociale, et trop souvent, gage inconditionnel de l'affection familiale. Par temps durs, constatez comment on vous crache dessus.

Je vous avais avertis que j'avais l'humeur morose.

Après une solide marche dans le parc et quelques photos, je reviens pour un nouveau commentaire. J'aurai déféqué ma tristesse après avoir nourri mes canards et mes écureuils; quelques clichés suffisent parfois pour retrouver la joie et pour profiter d'une journée de repos !

2:

At 1:43 p.m., Anonymous Anonyme said...

Et si tu nous faisais partager tes photos d'écureuil et tes ballades? http://www.flickr.com (c'est gratuit jusqu'à 200 photos)
C'est aussi un moyen de faire le tour du monde dans un fauteuil, et de rencontrer pleins de gens.
Caféine
qui ne sais pas quoi dire, mais qui est curieuse de ta campagne

 
At 2:52 p.m., Blogger Julie Kertesz - me - moi - jk said...

"Et cette tristesse qui déborde tant qu'elle se lit dans tout mon être. "

Helas, la joie, la confiance de soi etc attirent et rendent belles : dis-le toi. D'abord, on est contante de soi, puis cela se voit et on plait aux autres. Même avec les rides et rougeurs, etc. ce n'est pas les beautés classiques qui sont les plus attirants finalement, mais ceux pleine de vie.

Trouves-toi des petits bonheurs, dans les jours de speen... Souris, souris au moins à toi même dans le miroir, aux nuages, aux fleurs, aux passants ensuite...

enfin, c'est ce que j'essais de faire, souvent pour m'en sortir.

 

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