mercredi, mai 04, 2005

C'est peut-être que maman était maîtresse que j'ai voulu être maîtresse. Ou travailleuse sociale.

On parlait autrefois de vocation. La passion du métier s'est éteinte avec les années, mais on ne parle pas ici que des enseignants (voyez ces employés de bureau dans les grandes tours qui regardent sans cesse leur montre...). Aujourd'hui, on s'avoue prof, et les réactions négatives fusent. Mon conjoint me dit souvent que les profs sont rustres. Vulgaires. Par rapport aux traducteurs disons. Il n'est sûrement pas le seul à adopter cette attitude condescendante envers les enseignants. Cette remarque a le don de me mettre en furie et me donne le goût de sacrer, tiens ! À la dernière manif sur McGill - je m'étais isolée du groupe pour acheter de l'eau en bouteille dans un dépanneur - j'ai entendu ceci de la bouche d'un groupe d'employés de bureau : "Dire que ça enseigne à nos enfants, ça !" Autrement dit, on prône la démocratie, la revendication, la dénonciation des injustices. Ça n'est pas un modèle. Vaut probablement mieux lécher le cul des boss, qualité dont je n'ai pu faire preuve pour ma part chez les faces à claques du capital obsession. Je préfère de loin un jeune délinquant qu'un hypocrite assis sur son portefeuille. Il y a plus d'espoir, disons. C'est plus vivant.

Oui, il faut de la graine de révolté. Il faut de la graine de tolérance, de gauchisme, d'empathie. D'art de "vulgariser", ça doit être pour ça qu'on est vulgaire. Faut être en vie.

Eh bien ! je m'assume : il faut revaloriser la profession au plus "crisse"; si ce n'était pas de ces rustres personnages, nombre d'enfants n'auraient personne pour leur redonner confiance en la vie, en leur capacité, pour les orienter et leur donner une bonne estime personnelle, ce que les parents poignés dans leur tour à bureaux ne savent plus trop comment donner. Parce que la vulgarité de négliger ses enfants, ça existe aussi, et n'est pas exclusivement une tare d'assisté social. Cette vulgarité-là n'a pas de classe sociale.

Je suis personnellement fière de ma tâche, et je regarde de bien haut qui veut m'en imposer. Surtout quand je jette un regard sur mes collègues, je ne vois rien de vulgaire ni de fainéant.

Ça va brasser... et puis, on n'aura pas à subir l'élection d'un pape chaque fois que les enseignants feront la grève pour nous diluer aux nouvelles de 18 heures.

À vendredi, monsieur le distingué Jean Charest...