jeudi, avril 28, 2005

J'ai les mots comme des bonbons scellés. À la fraise. Sans amertume. Comme quand on cherche sa friandise dans une sacoche pleine. On traîne bien des cochonneries dans une sacoche, et le bonbon se cache toujours en-dessous. Sous l'argent, les cartes d'identité, les clés, les cigarettes, le carnet, les crayons, les papiers et les aspirines. Pas envie du reste, je cherche Ze bonbon.

On reçoit des bonbons des ados. Des bonbons des collègues. Des bonbons de son conjoint. Je dois être rendue à en distribuer. Y a des jours de carème, y a des jours d'Halloween.

Y a des gens comme ça qui sont insatiables. Ça devient artiste, souvent. Ou ça travaille avec le monde. Jamais rassassiés.

Le vide s'est installé comme ça, je ne sais plus pourquoi. Un événement oublié, sans doute. Pourtant, je me rappelle d'une petite fille que la maîtresse haïssait et je me disais qu'un jour, je serais aussi maîtresse et que je la vengerais. Que je vengerais toutes les petites filles de la rue Halley (tiens, comme la comète... à retenir pour poème ou nouvelle, je pourrais les faire voler dans un ciel dégagé de nuit, toutes flamboyantes, phénomène que les grands de ce monde n'arriveraient pas à expliquer...), celles qui faisaient rire les autres à cause de la pauvreté. Pourtant, je n'avais que 6 ans, 6 ans et je ne connaissais pas cette cruauté et trouvais cela insupportable. Moi, je leur en donnerais, des bonbons ! En jouant avec les toutous et les poupées dans ma chambre, je faisais justice imaginaire aux pauvres. Ça durait des heures. Mon toutou le plus "magané", il méritait les éloges. La poupée parfaite de ma soeur, c'était la niaiseuse de la classe. Elle en a entendu, des réprimandes, et elle en donnait des mauvaises réponses !

Imaginez, Robine-des-ruelles plutôt que Robin-des-Bois... Robine, c'est cute pour une sauveuse d'enfants de ruelle, je trouve.

Je les imaginais pour une fois rire des petites filles gâtées. Qui recevaient plein de bonbons, elles.



Excusez-moi, ce genre de représentation, c'est ben "cute", mais ça m'énaarve. Une tête de chouchou de maîtresse...

Moi qui voulais distribuer des bonbons, j'ai quand même fini par chiâler. Je vis tout de même de la joie d'avoir dit cette vérité qui ne m'a jamais quittée depuis ma première rentrée scolaire. Je pense que je vais finalement me présenter comme déléguée syndicale. Ou tiens, écrire ma nouvelle des filles-comètes.

3:

At 11:02 p.m., Anonymous Anonyme said...

Vraiment, et c'est sans complaisance, c'Est toujours un plaisir de te lire. Je ne le fais pas assez souvent, ces temps-ci d'ailleurs. Ne m'en tiens pas rigueur: fin de session. On t'a déjà dit que ta plume avait quelque chose de Flora Balzano. «Soigne ta chute», il te faut lire ça. Pour moi, c'est un petit chef-d'oeuvre de désillusion douce...

 
At 3:22 a.m., Blogger Julie Kertesz - me - moi - jk said...

ecris ta nouvelle !
on fait des rêves, n'est-ce pas ?
dans mon journal de jeunesse, il y a 52 ans (j'y suis) je venais juste en sortir d'avoir trop rêvé,

mais on tombe, d'une rêve en autre,

probablement, tant mieux,
jamais abandonner complétement

 
At 4:21 p.m., Blogger Chantal said...

Merci pour la référence, Sébastien, je ne connaissais pas cette auteure.

Dis donc, ne corrigerais-tu pas l'épreuve ministérielle du collégial... une intuition, puisqu'un de ses textes faisait partie de l'épreuve (je ne sais plus quelle année...)Enfin, j'ai fait ce boulot pendant 10 ans...

Julie : On en fait des rêves, oui, ça nous fait vivre. Faut continuer de rêver :)

 

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