mercredi, avril 20, 2005

Il n'aurait pas dû

Pour le collectif Coïtus Impromptus

Il n’aurait pas dû surgir ainsi un après-midi de septembre devant la classe.
Il n’aurait pas dû être beau comme jamais je n’avais vu d’homme si beau.
Il n’aurait pas dû être fascinant.
Il n’aurait pas dû m’inculquer de passion.
Il n’aurait pas dû avoir quelque chose de Brel.
Il n’aurait pas dû tenir compte de mon regard inquisiteur.
Il n’aurait pas dû m’observer.
Il n’aurait pas dû me croire fantasque quand j’avais pourtant 23 ans.
Il n’aurait pas dû caresser mon châle sous mon regard.
Il n’aurait pas dû admirer ce collier espagnol entre mes seins.
Il n’aurait pas dû être intrigué par mon mystère.
Il n’aurait pas dû m’encenser exagérément.
Il n’aurait pas dû dire les mots que je ne pouvais dire.
Il n’aurait pas dû me garder après un cours.
Il n’aurait pas dû s’approcher de moi.
Il n’aurait pas dû se coller à mes cuisses.
Il n’aurait pas dû me demander d’aller chez lui.
Il n’aurait pas dû créer des attentes.
Il n’aurait pas dû me téléphoner.
Il n’aurait pas dû me faire m’évanouir.
Il n’aurait pas dû croire que j’étais apprivoisée.
Il n’aurait pas dû abdiquer devant ma pudeur.
Il n’aurait pas dû me bouleverser.
Il n’aurait pas dû regarder mes mains trembler à son approche.
Il n’aurait pas dû m’admirer fragile.
Il n’aurait pas dû espérer me mettre au monde.
Il n’aurait pas dû croire que c’était banal.

Il n’aurait pas dû se ranger dans le coffret de mes souvenirs précieux.