mardi, avril 19, 2005

Les lumières qui scintillent encore à 5 h du matin cèderont la place aux piquets de grève des enseignants.

Je suis issue du public. Je maîtrise bien l'orthographe, mes enseignants en mathématiques ont été fabuleux, bien plus qu'au privé ou j'ai fait un séjour. J'ai bien acquis les mathématiques; au public, elles sont primordiales, au privé, elles passent au second plan. Je ne raconte pas d'histoire, j'ai vécu les deux systèmes. Je connais ce que c'est que l'apprentissage dans une classe turbulente, mon goût pour les sciences s'est arrêté là. Heureusement, dans les matières de base, les classes enrichies existaient et existent toujours. Ce sont les classes enrichies qui ont maintenu ma motivation pour l'école. Elles doivent continuer d'exister, elles contribuent à l'émulation.

Ainsi, il y a 30 ans, on était confronté au même problème : aucune ressource pour les jeunes à problèmes. Et on sait que les cas se multiplient, les parents sont débordés. Ça fait trop longtemps que des jeunes démunis sont laissés à eux-mêmes et qu'ils dérangent, décrochent, entraînent dans leur sillage des camarades influençables, écoulent leur stock de pot auprès des plus vulnérables, pensent qu'ils sont nés pour un petit pain, démissionnent en raison de l'accumulation des échecs, restent dans la rue après l'école, font preuve d'impolitesse verbale par manque d'éducation, en prenant une place négative dans l'espace de l'apprentissage, car ils ne savent pas y trouver leur compte.

Ce n'est plus aux autres élèves à souffrir de la situation, comme j'ai laissé ma motivation pour les sciences au labo de chimie de 4e secondaire. Et je n'ai jamais cru que mon prof en était la cause : la classe était simplement débile. C'est peut-être le constat de l'approche économique de type "polyvalente" qui en est la cause, les méga-surfaces de l'apprentissage à bon compte. Enfin, depuis 30 ans que ça dure... Ça va faire.