jeudi, avril 14, 2005

Écrire sans écho

Dans un commentaire précédent, Leblase me demandait : "Bloguer seul, n'est-ce pas comme crier dans un désert en espérant que vienne un chameau?"

Pendant que je crie seule, l'écho me revient et c'est dans cette solitude que s'opèrent certaines transformations. Je suis sur l'ïle Esperanza, destin d'un Robinson Crusoë, loin de la civilisation, ayant une île à bâtir. Une île à bâtir comme on se réapproprie la solitude, comme on se réapproprie nous-même. Et pourtant, voilà une quête bien effrayante à mes yeux.

Bizarrement, quand une chose nous terrifie, elle a le don de nous talonner. Je suis toujours seule et jamais seule. Ce miroir, qui hante parfois mes moments de solitude, comme je l'ai souvent retourné pour ne plus m'y voir. C'est un acte de courage que d'être seul. Et je me fais mon scénario : je ne suis jamais seule au travail, je ne suis pas seule dans ma vie privée; le mot "solutide" m'horrifie. Je n'ai jamais compris comment Moustaki pouvait la qualifier de "douce habitude".

Pourtant, parmi les grands apprentissages que je dois faire, c'est celui-là qui me sera donné tôt ou tard de faire, d'apprivoiser cette solutide, ce que je repousse à faire depuis trop longtemps. Cette solitude, qui me talonne ici également, m'exaspère à certains moments. C'est révélateur de l'aversion que j'ai pour elle. Je pourrai regarder cette solitude à la loupe, elle me dit quelque chose dans son silence.

On finit toujours seul; mais en ce moment, je repousse encore le mot solitude. Mais elle surgit à tout bout de champ. Elle se rit de moi en m'attendant à un détour, car à tort, je ne m'en suis pas faite une amie.

5:

At 1:54 p.m., Anonymous Anonyme said...

Bonjour Marie-Chantale. Il y a quelque chose de déchirrant dans ce texte, mais en même temps d'essentiel. En effet, il faut apprivoiser la solitude, mais à quel prix? Au prix, probablement, d'une certaine angoisse. Réjean Ducharme: «À qui que tu donnes ton angoisse, elle te revient. Ou que tu caches ton angoisse, elle te retrouve. Même si tu cours aussi vite qu'une belette, ton fardeau te rattrapera. Il faut vivre sans rel^^ache, résolument, dans un état de confrontation avec son angoisse.» (L'Avalée des avalés.)Là où je ne suis pas d'Accord avec toi, c'Est lorsque tu dis que tu écris sans écho. Sais-tu que je viens te lire souvent? Il y a quelque chose de très triste dans ta plume depuis quelques temps. Comme une sorte de murmure qui cache une plainte...
À bientôt donc.

 
At 1:56 p.m., Anonymous Anonyme said...

Désolé, ma note de tout à l'heure est pleine de fautes. Je ne suis pas encore complètement réveillé...

 
At 5:49 p.m., Blogger Chantal said...

Merci pour le mot.

Tu me donnes envie de retourner à mes amours de la littérature québécoise.

Ma tristesse ne se lit pas au premier abord, mais elle finit par surgir. Elle ressurgit en mes moments de solitude et alimente mes angoisses.

C'est laid, la tristesse.

 
At 10:28 p.m., Anonymous Anonyme said...

«C'est laid, la tristesse.» Dans la vie, oui, mais pour l'art, bon Dieu, c'est magnifique! Nick Caves, Disintegration de The Cure, etc...

 
At 6:47 a.m., Blogger Chantal said...

Et Baudelaire, Edgar Allen Poe, Barbara, Marguerite Duras, Hubert Aquin...

L'Art en effet rend le "laid" beau.

Bien longtemps que je suis en bataille contre la tristesse, elle est comme masse informe dans les mains d'un apprenti sculpteur, elle attend sa dignité, qu'elle a retrouvé en attendant dans les oeuvres littéraires.

Retour à la lecture ce week-end.

 

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