vendredi, avril 01, 2005

Trop de liberté, est-ce possible?

Journée de débrayage au secondaire hier. Manifestation devant la Commission scolaire (l'endroit n'est pas génial). Sont-ils concernés par la grève étudiante des universitaires?

Vers midi, la grève était déclenchée un peu partout dans les écoles de la C.S.D.M. À midi, à mon école, les élèves ont voulu se joindre à cette manifestation. Répression : la direction s'est adressée aux élèves, leur disant tout simplement qu'au secondaire, ils ne sont pas touchés par ce conflt et qu'ils n'y connaissaient rien. Menace : leurs parents seraient avisés de leur désobéissance s'ils se joignaient à ce mouvement de masse. Une direction d'école est-elle responsable d'un jeune qui prend par lui-même la décision de fuir de l'école? Hum... aucune idée... C'est pourtant bien la décision de nombreuses autres directions d'école de les laisser aller à leur manif.

Après le départ du directeur, je les ai littéralement enfermés dans ma classe (sous ordre de la direction), leur disant de s'organiser. Notez que la moitié de la clientèle de l'école sort tout droit d'Haïti. C'était à eux de décider, je leur ai dit. Ça me mettait en conflit de dire : "Eh bien, sortez!" Imaginez... dans le volet "Poésie", je leur ai présenté le film La Société des poètes disparus, film tabou dans cette école... J'ai eu la tentation de dire : Oh mon capitaine...

Selon l'optique de la direction, il s'agissait de libertés outrancières. Selon mon point de vue, les élèves étaient mal informés et mal organisés. Ils sont tenus en vase clos, et leurs parents les surveillent particulièrement pour en faire de "bons" citoyens.

Ainsi, après le fameux midi sonné, les élèves se sont tout de même rebellés, et attendaient qu'une autre école envahisse la leur, mais les portes de l'école étaient toutes verrouillées. C'était une rébellion digne de Port-aux-Princes, ça criait, envahissait les corridors, frappait aux portes des classes. Je leur ai même conseillé de vider les classes pour les entraîner dans le mouvement... Je ne suis peut-être pas compatible avec les valeurs de cette école, après tout.

Peut-il y avoir trop de libertés chez les jeunes? Suis-je trop anarchiste ? J'ai pourtant compris que même s'ils savent peu de la situation, ils ont droit de dire leur mot, ils ont une parole et veulent exprimer leur solidarité, ce qui fait partie du développement du jeune adulte. En se sentant concernés, peut-être s'informeront-ils ? Je mets en doute ici des valeurs viscérales de démocratie, sous ordre de la direction.

J'ai dormi par la suite en arrivant à la maison, crevée de cette journée. Crevée et contrariée. Pourtant, j'ai des corrections plein les mains. Les notes, le fameux capital du jeune. Les notes qu'ils auront méritées, sans tricher, sans aide, pour eux seuls. On leur montre de belles choses à l'école. Et pourtant, on est à l'heure du partage des richesses...

1:

At 9:45 a.m., Anonymous Anonyme said...

Merci pour cette histoire de répression.
La dictature ça commence pas la supression de l'information. Mais bordel! vos élèves qui viennent majoritairement de familles peu fotunées seront les premiers touchés par la disparition des bourses. Je serais bien surpris que vos étudiants ne sachent pas ça.
Notre démocratie recule à bon pas.Il est grand temps de retourner dans la rue. Tout l'monde!!! Perdre une session, ce n'est grave que pour les arrivistes... À votre place je serais aller manifester avec les étudiants.

 

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