mardi, juin 21, 2005

La vengeresse fatiguée

Ne me demandez pas pourquoi j'ai de l'affection pour K. En début d'année, j'ai eu une prise de bec avec elle, puis, je ne sais trop pourquoi, une affection s'est développée.

K. est l'une des rares filles que je connaisse qui ne fait presque aucune erreur orthographique. Qui plus est, ses textes sont toujours logiques. Cependant, K. fait preuve d'un comportement exaspérant, en cris, en crises de nerfs, en panique, en bavardage et aime lancer des remarques offensantes. Elle aime aussi aider ses "amis" durant les examens, ce à quoi je réponds : "Je comprends bien ta générosité, mais garde tes efforts pour te rendre service plutôt à toi."

Elle agace absolument tous les garçons de la classe, sans discrimination. Et se dit après désintéressée. K. a l'air de la dépanneuse officielle des gars de l'école. C'est un signe de carence affective qui ne ment généralement pas.

Peut-être la reverrais-je à l'automne.

Chaque année, il y a une élève que je voudrais adopter. Cette année, c'est elle. Pourtant, elle semble avoir de bons parents... Je ne sais pas s'ils l'écoutent ou lui parlent. Enfin, hier, le travailleur social l'a abordée. Elle était touchée, je ne l'ai jamais vue aussi bouleversée. Il ne s'agit pas d'une fille aussi blindée qu'elle veut le montrer. Je dirais plutôt qu'elle crie quelque chose que personne n'arrive à décoder. Il faut qu'elle attire l'attention, peu importe la façon. Pourtant, ses seuls résultats scolaires devraient suffire.

Enfin, c'est beau les jeunes, mais la vengeresse masquée est fatiguée et ne sait pas comment refaire ses batteries. L'été arrive, c'est toujours le même scénario : l'enseignement crée des maniaco-dépressifs, en ce sens qu'après un vertige qui dure 10 mois, ce sont deux mois de grande tranquillité qui s'amènent, et il s'agit d'un très grand contraste. Il me faut au moins un mois pour décanter.

Les vacances, comme tous, je les désire. Mais comment les meubler, ça reste toujours mon éternelle question. Trop centré sur l'autre, on ne sait plus ce qu'on veut.

Le désir de l'autre "comblé" ou presque, dans la mesure de nos capacités, il reste à combler les nôtres. En juin, je n'ai plus de désir d'aucune sorte.