samedi, avril 30, 2005

Des gens qu'on aime

Ce matin Julie m'a arraché un sourire serein, un sourire du coeur avec ses jolies photos et surtout celle de Charlotte !

Julie a des pouvoirs magiques. Comme grand-maman en avait elle aussi. Ma grand-maman, c'était ma fée-marraine à moi. Tiens, ça me donne le goût de parler d'elle ce matin, juste pour continuer de sourire toute la journée.

Dans ma tête de petite fille, grand-maman cachait une baguette magique quelque part dans sa maison. Grand-maman, elle s'appelait Léonie et son nom apparaît sur mon baptistère. J'étais fière ! Pourtant, vous savez, Léonie... ça fait démodé comme nom. Marie-Léonie-Chantal... toujours adoré ça. Et elle aussi, elle en était très fière. Ça me donnerait certainement à moi aussi des pouvoirs magiques.

Ma fibre bonne vivante et joyeuse, c'est parce que Léonie apparaît sur mon baptistère. Ma fibre folle à lier, ma fibre rire communicatif, ma fibre jouisseuse, ma fibre généreuse, c'est Léonie, ça.

Tout le monde aimait Léonie comme tout le monde aime Julie. Y en a comme ça des bien-nés ! Oh que j'aimerais publier la photo de grand-maman ici ! J'en trouverai bien une que je pourrai publier un jour, je lui dois bien ça !

J'ai toujours vu les grands-mamans comme des marraines extraordinaires. Si j'avais eu un enfant, ça aurait été une grand-maman qui aurait été marraine; c'est merveilleux : elles ont du temps pour nous emmener magasiner (Léonie m'achetait des poupées à découper, j'adorais ça), elles font des beaux arbres de Noël, elles sont reposées, elles nous apprennent comment choisir les bons aliments au marché, elles parlent avec tout le monde sur le chemin, la mienne m'avait même amenée rencontrer le Père Noël ! À tout le monde elle disait : "C'est ma filleule, elle est belle, hein ? Et c'est ma seule filleule à moi". Elle m'avait aussi accompagnée à ma confirmation; il fallait aller à l'église pour embrasser la bague d'un monsieur appelé "monseigneur", il était important, il communiquait avec Jésus (il m'avait fait moins peur que le Père Noël et m'avait gentiment souri, car je l'avais regardé en face, ce que la maîtresse nous avait formellement interdit, mais je voulais savoir s'il était vivant ou en plâtre), je n'avais peur de rien car Léonie m'attendait. Après j'ai raconté à Léonie que j'avais regardé le monsieur monseigneur et qu'il m'avait souri. Grand-maman de partir en cascades de rire... Elle m'a demandé : "Tu as embrassé sa bague?" Et j'ai répondu : "Mais oui !" Après, grand-maman a fait : "As-tu collé ta bouche dessus ?" Je ne faisais jamais les choses à moitié. Et grand-maman, en un élan du coeur a répondu : "eurk!, ba-ba-ba-ba-babeurk, faut pas mettre sa bouche partout, ça peut donner des bobos", avec sa drôle de figure dédaigneuse.

Grand-maman m'avait donné une carte et une chaîne avec une jolie croix, pas une croix comme on en voyait partout. Une croix très menue entourée d'un cercle. Et le cercle était formé de brillants.

Et j'adorais grand-maman parce qu'un jour, elle a dit que ma soeur Carole était un ange. C'est vrai que Carole était un ange, ça me rendait jalouse, mais c'était vrai. Grand-maman m'a dit une fois de ne pas envier les anges, pourtant. Que je suis chanceuse, moi, de ne pas être un ange. Aujourd'hui, Carole est vraiment devenue un ange, grand-maman avait raison. Carole n'était pas faite pour être humaine, elle était un ange, elle vit sur son nuage depuis 1987 et elle est bien là-bas. La terre n'était pas faite pour elle, que le ciel était son vrai lieu, le ciel ou tout est pur. Elle se transforme en comète quelquefois et je la regarde défiler, à ces rares moments, avec sa longue traînée de lumière. Ça veut dire qu'elle a trouvé le bonheur et que rien ne l'empêche de voler en liberté.

Au chevet de son lit, lorsqu'elle était affligée du cancer, grand-maman me répétait : "Si j'avais ton âge, j'en ferais des affaires, oh ! que j'en ferais des affaires".



(Mgr Georges-Léon Pelletier, diocèse de Trois-Rivières, 1947-1975)

Un Monseigneur, ça peut sourire, j'en ai eu la preuve. Mais grand-maman m'a dit que de coller la bouche sur sa bague, ça donne des bobos.

vendredi, avril 29, 2005

La pomme de Christine

Je parle des petites maigrichonnes de l'école qu'on associait à la pauvreté. Pourtant, j'étais ronde et on ne m'associait pas à la richesse. En faim...

Les maigrichonnes auraient pu s'envoler dans les airs; elle était-tu donc mignonne, la soeur volante ! Certaines petites étaient choyées par les maîtresses, ça dépendait de la rue d'ou elles sortaient. Ce n'est pas tellement sur les os que le jugement était porté, mais sur les vêtements que les os portaient.

Je n'étais pas maigre, ni moyenne; j'étais la toutoune. On sait ce que ça veut dire la toutoune dans la cour d'école. Mais comme j'étais toutoune, je mangeais à ma faim, donc ce n'était pas moi qui aurais pu voler la pomme de Christine.

En effet, un jour, Christine, petite pimbèche déjà à 6 ans, avait apporté une pomme toute rouge luisante. Les pommes comme les maîtresses aiment exhiber sur leur pupitre (elles mangent quand même des chips en cachette). Et elle en apportait évidemment une à la maîtresse (elle mourait de faim ou quoi ?) Et là, la maîtresse pâmée... le spectacle durait durait et durait, j'en avais hâte de faire du calcul.

Un matin, Christine avait oublié sa pomme dans son pupitre avant la récréation; au retour : les hauts cris... plus de pomme...

À l'ordre de la maîtresse (surnommée affectueusement Alice le Groin - excusez cette vieille allusion à Popeye le vrai marin, Pou-Pou ! - ) toutes les élèves ont ouvert leur pupitre. La pomme était rendue dans le bureau d'une vraie maigrichonne ! Les murmures, les blâmes des filles de la classe, les insultes et les coups d'Alice le Groin ... toutes les filles regardaient la voleuse avec une main sur la bouche, OH ! Que deux ou trois visages qui ne réagissaient pas, et je comprenais que ce soir-là, ces filles allaient elles aussi cajoler leur toutou.

En mon for intérieur, la voleuse n'était pas coupable. Et le soir, je faisais place à Alice le Groin et soignais mon toutou magané.



Alice the Goon ou Alice le Groin, ma première maîtresse.

jeudi, avril 28, 2005

J'ai les mots comme des bonbons scellés. À la fraise. Sans amertume. Comme quand on cherche sa friandise dans une sacoche pleine. On traîne bien des cochonneries dans une sacoche, et le bonbon se cache toujours en-dessous. Sous l'argent, les cartes d'identité, les clés, les cigarettes, le carnet, les crayons, les papiers et les aspirines. Pas envie du reste, je cherche Ze bonbon.

On reçoit des bonbons des ados. Des bonbons des collègues. Des bonbons de son conjoint. Je dois être rendue à en distribuer. Y a des jours de carème, y a des jours d'Halloween.

Y a des gens comme ça qui sont insatiables. Ça devient artiste, souvent. Ou ça travaille avec le monde. Jamais rassassiés.

Le vide s'est installé comme ça, je ne sais plus pourquoi. Un événement oublié, sans doute. Pourtant, je me rappelle d'une petite fille que la maîtresse haïssait et je me disais qu'un jour, je serais aussi maîtresse et que je la vengerais. Que je vengerais toutes les petites filles de la rue Halley (tiens, comme la comète... à retenir pour poème ou nouvelle, je pourrais les faire voler dans un ciel dégagé de nuit, toutes flamboyantes, phénomène que les grands de ce monde n'arriveraient pas à expliquer...), celles qui faisaient rire les autres à cause de la pauvreté. Pourtant, je n'avais que 6 ans, 6 ans et je ne connaissais pas cette cruauté et trouvais cela insupportable. Moi, je leur en donnerais, des bonbons ! En jouant avec les toutous et les poupées dans ma chambre, je faisais justice imaginaire aux pauvres. Ça durait des heures. Mon toutou le plus "magané", il méritait les éloges. La poupée parfaite de ma soeur, c'était la niaiseuse de la classe. Elle en a entendu, des réprimandes, et elle en donnait des mauvaises réponses !

Imaginez, Robine-des-ruelles plutôt que Robin-des-Bois... Robine, c'est cute pour une sauveuse d'enfants de ruelle, je trouve.

Je les imaginais pour une fois rire des petites filles gâtées. Qui recevaient plein de bonbons, elles.



Excusez-moi, ce genre de représentation, c'est ben "cute", mais ça m'énaarve. Une tête de chouchou de maîtresse...

Moi qui voulais distribuer des bonbons, j'ai quand même fini par chiâler. Je vis tout de même de la joie d'avoir dit cette vérité qui ne m'a jamais quittée depuis ma première rentrée scolaire. Je pense que je vais finalement me présenter comme déléguée syndicale. Ou tiens, écrire ma nouvelle des filles-comètes.

mercredi, avril 27, 2005

Coincidence poétique

Vu à l'affiche du Rideau vert ce soir, vers 17 h: Zone, de Marcel Dubé, du 28 au 30 avril.

Concidence poétique que l'auteur me soit venu à l'esprit ce matin, comme ayant marqué le début de mon adolescence et de la conscience.

Voici ce qu'en dit le site Internet du Rideau vert :

"Dans son oeuvre, Marcel Dubé s'est intéressé à toutes les couches de la société québécoise, aux bourgeois comme aux prolétaires. Avec Zone, écrite en 1953, il donne une voix à la jeunesse. Une génération coincée dans un carcan, qui rêve de liberté et d'un avenir meilleur. C'est par le personnage de Tarzan, le contrebandier de cigarettes américaines accusé du meurtre d'un douanier, que cette époque trouble pour le Québec est évoquée. «C'est Zone qui m'a lancé et m'a fait connaître comme auteur, dit Marcel Dubé. Cette pièce marque le début officiel de ma carrière. Je l'ai écrite en trois jours, acte après acte, sans en deviner la portée réelle

Du noir et blanc et du rose au noir

Je suis venue au monde en même temps que la télé. Comme les jeunes d'aujourd'hui, avec l'ordinateur. Je suis d'une génération d'images.

À part les émissions comme Pépinot et Capucine dont la privation aurait été la sanction suprême pour moi à 5 ans, on regardait des émissions québécoises noir et blanc qui ne me disaient strictement rien. Je me rappelle vaguement d'Albert Miller dans son rôle d'Iberville...

Mais les émissions américaines commençaient à sévir, il me semble, et surtout avec la venue de la couleur.

Les glamourous rues des villes américaines; les dames aux manteaux de fourrure; les voitures de luxe; Zaza Gabor dans toute sa blondeur... il me semble que les adultes avaient une vie de rêve. C'était donc ça, la vie, se promener dans une berline, aller au théâtre avec le vison autour du cou, le sourire éternel au visage... et avoir des enfants comme ceux du docteur Stone.

Les années 70 sont arrivées, et mon adolescence aussi. Deux déprimes en même temps.

Je me souviens des pièces de Marcel Dubé qui m'ont fait tomber dans un réalisme extrême. La vie commençait à prendre une autre allure.

Florence, surtout, dont je me souviens. Florence, qui ne voulait pas d'une vie comme celle que son père offrait à sa mère. Qui se termine de façon tragique.

Le passage de l'enfance à l'adolescence est souvent atroce.

mardi, avril 26, 2005

Bulle

Parfois ma bulle est si vaste qu'elle ne passe même plus dans un autobus ou dans les portes du métro. Elle remplit mon espace-prof (mon bureau, le tableau et mes tiroirs), et si un élève s'y hasarde, il a tout de suite un avertissement : plus assez d'oxygène pour deux dans ma bulle. Même chose pour les collègues, mais personne ne s'offusque de cette remarque. Tout le monde a besoin de se retrouver dans sa bulle. Même Puce le matin sur mes cuisses, et je rouspète. Elle y entre et ce qui m'agace, ce sont ses griffes dans mes cuisses en satisfaction et ronronnements. Parfois, pourtant, ça me console. Mais je dois supporter ensuite les égratignures.

C'est vrai des personnes qui nous entourent, elles entrent dans notre bulle pour sortir les griffes. Par égoïsme. C'est fou le nombre de personnes qui veulent envahir la bulle des autres, et si on les laisse faire, on devient une marionnette. Sans âme. Laisser quelqu'un entrer dans sa bulle, c'est un peu comme un médium qui se laisse habiter par un autre esprit. À force d'être hors de son corps, on ne sait plus qui on est. Élève, sors de ce corps !

Je parle des autres, je fais sans doute la même erreur. Il y a des signes non-verbaux qui ne trompent pas : l'autre s'éloigne physiquement... au premier signe, on a compris, on retourne dans sa bu-bulle à soi. Mais il y a toujours des aveugles qui n'entendent rien.

Parlant de bulle et d'aveugle, j'ai commis l'erreur hier de jouer avec mes élèves à la dernière période. Je les sentais fatigués; et je l'étais aussi. L'un d'eux a reçu un petit coup de règle sur la cuisse gauche ! Et hop ! chez le directeur ! Pour lui jouer un tour...

Pendant ce temps, dans ma tête, cette image, véritable archétype québécois :




Ne croyez pas que je suis une vieille chipie qui aime faire souffrir les pauvres enfants de 15 ans :) , surtout les grands dadais de presque 6 pieds et de 200 lbs, qui jouent au football...

Allez ! On reprend sa face drabe protocolaire ! Pas d'humour, on redevient sérieux et ça va travailler fort... hahahaha !!!

lundi, avril 25, 2005

Silence

Le bâillon du silence
La cacophonie me casse
L'oreille m'interne

À la fois les mots m'enferment et pourtant je dois sortir de prison. Chaque mot est un barreau qui fait menace à liberté, barreau-promesses, barreau-engagements, barreau-attentes, barreau-gentillesse, barreau-serments, barreau-réprimandes, barreau-compliments, barreau-savoir-vivre, barreau-respect, barreau-diplomatie.

Le faux silence est dard
et déjà dans ma peau
maints toxiques

Mon métier est de parler. Je parle aussi à mes amis, mes connaissances, à mes proches, sur mes blogues; je parle trop, j'ai simplement l'envie d'être en cure fermée pour me désintoxiquer de mon overdose de social, de mon overdose de paroles, de mon overdose d'explications, de mon overdose de réprimandes, de mon overdose de sermons, de mon overdose de mots mal placés, de mon overdose de mots vides et du silence qui se cache dessous. Retrouver le vrai silence, et le substituer à celui que l'on tue à coups de mots inutiles.


Ronronnements pour adoucir les moeurs, par Puce-Puce.

Un peu de pragmatisme

Au réveil, l'horreur de mon blogue "Caramels, bonbons et chocolats" m'est revenu à la mémoire.

Vous savez, tous ces blogs sur la carotte biologique, la culture des fleurs, les "je" nostaliques, ça pleut. J'en suis à mon deuxième café, j'ai l'esprit plus clair et je me dis : pourquoi un blogue n'aurait-il pas une fonction didactique ? Je m'accuse moi-même, la M.A. littérature s'abaisse en propos de la populace. Je ne suis pas snobinarde pour deux sous, sinon, je n'enseignerais pas au secondaire.

Les médias ne cessent de nous casser les oreilles avec l'alimentation; pourtant, à l'école, aucune éducation n'est dispensée à ce chapitre. J'ai proposé un parascolaire sur la chose, un suivi diététique, résultats : deux inscriptions et, croyez-le ou non, deux garçons... Les garçons veulent faire preuve d'une grande performance sportive et, évidemment, l'obésité est un handicap. Enfin, j'ai reporté mon activité à l'automne et j'espère que le nombre d'inscriptions sera plus élevé. Et que j'aurai maigri. Il faut bien prêcher par l'exemple.

Vu l'ampleur des dégâts de l'obésité, dès l'automne, j'espère qu'apparaîtra à l'horaire des élèves un cours sur l'hygiène de vie, tant physique que psychologique. Les jeunes vivent un stress incroyable. Jamais de détente, jamais de temps de repos, toujours en chats, en sports, en étude, en jeux vidéo, en compétition, en performance. Ils courent ils courent déjà autant que nous. Et en plus, ils sont de plus en plus gros, c'est la réalité, c'est donc essouflant de courir. Je parcours ma liste d'élèves de mon groupe titulaire, et sur ces 32 élèves, au moins 10 d'entre eux sont affligés par l'obésité, et je ne parle pas de gentils petits bourrelets. Et pas seulement que les filles... C'est donc le tiers de la population de ma classe.

Je ne vous apprends rien, mais je confirme ce qu'on entend. Et pourtant, ils en souffrent, mais tous les midis, ils se donnent rendez-vous à la pizzéria la plus proche et au maudit nouveau McDo de la place Versailles. On n'avait pas besoin de ça.

Certaines difficultés se posent chez les adolescents : ils ne sont pas maîtres de ce qu'ils mangent. Leurs parents sont-ils prêts à acheter les aliments que leurs enfants leur demanderont ? Faudra penser à une lettre explicative et demander leur collaboration.

De plus, ils sont sans le sou : on mange pour 5 $ au McDo.

Enfin, ils ont besoin d'énergie : la salade de thon ne suffit pas. Par ailleurs, la cafétéria de l'école est tout à fait inadéquate. Pas de potage de légumes ou aux lentilles en entrée, par exemple, ce qui me semble un incontournable.

Jusqu'à maintenant, je me pose d'ores et déjà cette question : toute cette argumentation autour de la santé est-elle une rationalisation d'un autre malaise ? Mais j'ai été bien malheureuse, à 15 ans, de cacher mes bourrelets et de laisser aux "minces" le plaisir de séduire et d'être bien dans leur peau, problème que j'ai réglé dans la vingtaine. Mais le combat contre quelques kilos durera toute ma vie.

dimanche, avril 24, 2005

Une découverte chaque matin éloigne le médecin ?

La santé de ceux qui sont affligés de petits bourrelets ne serait plus aussi à risque que l'on ne le prétend, selon un article du "columnist" John Tirney du New York Times. J'ai lu cet article avec beaucoup de septicisme. Certaines références scientifiques y apparaissent.

http://www.nytimes.com/2005/04/23/opinion/23tierney.html?th&emc=th

J'aimerais bien vivre en paix avec mes 10 kilos en trop, mais je ne me fais pas d'illusion. Mon IMC dépasse le 25 réglementaire (voir l'émission "Découverte" de la SRC à ce sujet), et cette mesure demeure tout de même un étalon-santé.

Faut dire que la minceur est toute une industrie... On n'a pas fini avec le surpoids et l'obésité : on parle "d'épidémie", dont le danger dépasse celui de la cigarette. Alors, les gros de cette planète, vous allez vous faire écoeurer à votre tour, ce qui laissera tranquilles un peu les fumeurs !

Bref, cet article révèle que les maigres ne vivent pas nécessairement plus longtemps. En fait, l'espérance de vie des fondamentalistes de la santé (granolistes, végétaristes, joggistes, etc.) nous révélera la vérité.

Beaucoup de facteurs influencent l'espérance de vie. Nous courons après tous les moyens pour vivre le plus longtemps possible, le mieux possible. Et l'industrie, elle, n'est pas maigre.

Mais que voulez-vous : dans une société ou le paraître est la valeur centrale, on ne peut échapper à la règle de la minceur. Voyez également les valeurs judéo-chrétiennes sous-jacentes : la gourmandise est un bien vilain péché ! La perception sous-jacente des obèses est celle-ci : le gros n'a pas de volonté ! Le gros est une pâte molle !

Pourtant, longtemps l'esthétique féminine se démarquait par ses rondeurs. Rares les hommes qui diront que les rondeurs les attirent. Si j'étais un homme, il me semble que les squelettes ambulants me laisseraient froid.

Voyez le débat entre santé et esthétique. La santé est trop souvent un prétexte à la minceur. Une de mes collègues est en congé de maladie pour anorexie. La santé ?

De plus en plus de jeunes filles sont traitées en psychiatrie pour cette maladie.
La plupart des femmes qui atteignent un "poids-santé"sont insatisfaites et s'infligent une perte supplémentaire de 10 kg.
L'alternance anorexie/boulimie entraîne des problèmes comme les hernies hiétales (un renflement qui se forme dans l'oesophage par la prise excessive subite de nourriture)

Les femmes minces sont-elles en réalité plus heureuses ? Entre vous et moi, la minceur détermine-t-elle ses chances de bonheur ? Ben oui, maudit...

Le regard des autres est différent...

Et pour ma santé, je demeure sur mes positions, recherches des 30 dernières années à l'appui, et amorce ma diète dès mercredi prochain, au jeûne mitigé... Question d'éviter l'hypertension, le manque de souplesse, et de réduire à un seul mon facteur de risques : la cigarette. Je ne mettrai toutefois pas, cette fois-ci, la barre trop haute. Quand j'aurai atteint l'IMC 25, j'arrête...

Autre article très intéressant sur l'incidence de l'alimentation. Je suis presque endoctrinée... http://www.pritikin.com/eperspective/specialissues/pritikinatkins/

Quant au tabac... non plus que je crois à un arrêt draconien de son usage. Par expérience, l'arrêt de consommation de tabac chez moi (pendant trois mois) a entraîné de l'hypertension artérielle... Le médecin n'arrive pas à expliquer ... Je lui ai fait une colère; j'ai repris le tabac, perdu 15 kg, et la tension est redevenue normale... Je ne suis pas surhumaine.

Ce qui est très sûr, c'est que l'obsession de la santé a engendré passablement de maladies mentales : outre l'anorexie, tout le monde à peu près souffre d'hypochondrie.

Chercheurs, vous n'avez pas fini de chercher...

samedi, avril 23, 2005

SEXE

Me voilà en ce samedi matin (belle journée pluvieuse pour parler de ça) et je me rappelle mes pensées d'hier. J'étais dans le bus qui mène à l'école et je me marrais seule. Non, aucun rapport avec l'école, ni avec Pygmalion, ni avec les autres textes que j'ai écrits avant celui-ci.

J'ai pensé à ces quelques semaines pendant lesquelles j'ai fréquenté un jeune homme de 15 ans mon cadet. J'ai dit 15 ans mon cadet, pas de 15 ans !!!! Grrrrrrrrr Et là, vous allez être dépassés : il était parfait mais me tapait sur les nerfs.

(Misère ! On dirait que je passe à Claire Lamarche... Ça va mal mon blogue ! En tout cas...)

Je lui demandais une visite, il était toujours disponible; arrivé chez-moi, les baisers n'en finissaient plus. Trève enfin sur l'heure du repas. Il ne critiquait pas les sempiternels spaghetti que je préparais. Ensuite, la séance de taponnage s'amorçait que pour ne finir que le lendemain, à l'aube. J'avais beau lire, écrire mes courriels, regarder la télé, il m'enlançait sans relâche. Ça avait le don de m'énerver au plus haut point. J'ai passé cette époque en insomnie, je déteste dormir enlacée, j'en suis incapable. Surtout avec le désir qui se sentait entre mes fesses; je me disais : "Ah non ! pas encore..."

Pour moi, des câlins qui n'en finissent plus, ça signifie : "Je vais obtenir ce que je veux, soit le SEXE". Un peu comme le corbeau de la fable qui veut son maudit fromage. Je me rappelle de toutes ces émissions (Janette Bertrand, Claire Lamarche) ou les femmes "revendiquaient" les fameux "préliminaires". Qui a inventé cette foutaise ?

Et j'ai pris le temps de me questionner (pour la première fois) sur ce qui me fait plaisir (et je ne dois pas être si marginale que ça). J'en suis venue à cette conclusion : l'effet de surprise.

Mise en garde : ça ne veut pas dire que mes goûts soient universels en cette matière. N'essayez donc pas nécessairement avec votre blonde, votre femme ou votre maîtresse. Je suis une vraie femme à hommes au plan sexuel (ceci n'est pas une pub). Leur façon légendaire d'aborder "la chose" me convient parfaitement. Faut tout de même qu'ils aient du verbe, un certain vernis verbal, je dirais. Et pas de salope, pas de garce, pas de putain svp pendant la "chose". Ni nymphomane. C'est essentiel. Quant au taponnage pendant deux heures... Ishhhh

De mon côté, un homme qui a longtemps besoin de caresses, ça m'énerve. Ça ne veut pas dire que par générosité, je ne vais pas m'adonner à un massage. Ça n'a rien à voir... Mais pas dans le but ultime de.

Sur mon calendrier je devrais écrire, au 14 février : "pas de sexe cette journée-là", à moins d'un hasard. Juste à penser qu'on est le 14 février, je suis froide comme un frigo.

Alors, l'effet de surprise.

Je suis en train de préparer un repas : pas de niaisage ! On laisse les chaudrons là... pas de taponnage, on arrive au vif du sujet !
J'écris, je lâche tout...
On se sauve vite d'un party...
Le film au cinéma est fascinant ? Bof, une autre fois !
En retard un matin ? Mon cadran n'a pas sonné !

Excusez-la. C'était juste pour dire que je n'aime pas les mythes charriés sur la féminité ni sur la sexualité. La télé doit gérer jusqu' à notre chambre à coucher ? No way !

Et puis... oups... byyyyyyyee (non, c'est une joke... mon chum dort !)

vendredi, avril 22, 2005

Mythe de Pygmalion

Ces derniers jours, j'ai tourné autour de cette anecdote universitaire. L'anecdote en soi est sans importance. Ce qui m'importe, c'est cette mise au monde par l'homme, bien ancrée dans l'imaginaire féminin.

Enfant, je l'ai constaté dans l'imaginaire de ma soeur et de ma mère. Le film My fair Lady reprend ce fameux mythe. Dans les années 90, le thème est repris dans Pretty Woman. Preuve que le mythe tient encore la route.

Avis à ceux qui lisent ce commentaire : je suis convaincue que ce mythe est profondément ancré dans l'inconscient féminin, et je n'ai pas trouvé d'ouvrages qui abordent le sujet. Je serais donc bien heureuse de trouver un titre qui puisse répondre à cette question.

Que se passe-t-il dans l'inconscient féminin pour que ce mythe revête tant d'importance? Pourquoi persiste-t-il après 30 ans de féminisme ? Les structures imaginaires ne changent pas en une génération, et les sources m'interpellent.

Qu'on pense aux femmes d'envergure derrière qui se cache un homme : Georges Sand; Camille Claudel; Simone de Beauvoir; Denise Bombardier; Lise Payette; Brigitte Bardot; Marilyn Monroe; Françoise Xenakis... À la lecture de ces noms, il y a bien un homme qui vous vienne à l'esprit. Vous n'aurez peine à allonger la liste. Est-ce que derrière chaque grande femme se cacherait un homme ? Ou, de façon plus pertinente : la femme a-t-elle besoin d'un homme pour exister ?

jeudi, avril 21, 2005

Retour sur "Il n'aurait pas dû"

Un déclencheur en apparence banal et voilà que surgissent certains souvenirs. Ce thème du Coïtus Impromptus, je l'envisageais à prime abord de façon plutôt ludique, mais cette fois-ci, je me suis commise à creuser un événement dont le souvenir s'était évaporé. Est-ce préférable d'oublier un événement qui, somme toute, a été plus important dans notre perception que dans la réalité ?

En écrivant ce texte hier, je tremblais encore. L'émotion était encore là, me tenaillant au plexus. Je n'ai jamais pu raconter cette histoire vraiment comme je la sentais; d'ailleurs, on aurait ri de cette situation, et ça me serait apparu déplacé, j'aurais sali cette histoire, je l'aurais désacralisée, oui c'est ça, je touche cette émotion, je la sens intense en ce moment et je la dis, je l'aurais profanée, cette histoire, en la racontant. Les taquineries l'auraient vulgarisée en annonce de bière ou ça cruise. Donc, je me suis tue.

J'ai connu deux accoucheurs, seulement deux hommes m'ont fait trembler. Lui a été le premier et le seul pour qui je me suis évanouie. Comme Roxane à la lecture de Cyrano.

Ça ne se qualifie pas par "ami", "chum", encore moins par "amant", par "connaissance", par "relation". Je n'ai aucune idée du qualifiant. Un prof, ça c'est sûr. Peut-être bien Pygmalion. Oui, Pygmalion, ça doit être ça. Je pense que j'ai toujours eu un désir très fort d'être pygmalionisée. Le sexuel n'a alors aucune importance; il revêt une autre symoblique.

Rien de direct, tout en pas feutrés, presque à la limite du religieux, le tout dans un silence, une discrétion, dans le geste, sans aucune vulgarité. Jamais dans la terreur, jamais dans la désobligeance, jamais dans le vulgaire des cruising bars. Trop pur, trop digne, trop beau.

C'est bien l'inhibition qui m'a fait m'évanouir. Une chasteté qui nous rend fébrile. Quand le corps ne répond plus aux émotions et qu'il préfère fuir. Suis-je née au bon siècle ?

Enfin. Passion exige excès.

Je me rappelle de ce séminaire de maîtrise ou nous étions trois dans la classe : lui, un autre étudiant et moi.

Je m'étais assise à l'opposé. Le plus loin possible dans cet espace restreint. Je tremblais trop, je n'arrivais pas à contrôler cette émotion qui faisait sa loi dans mon corps. Je devais être frissonnante comme un poulet qui vient de naître. Et je me sentais déplumée. Le coeur battait fort, en palpitations parfois. D'autres, en ces moments, s'amusent follement. S'ébouriffent les plumes comme un paon. Moi, j'étais plutôt une petite poulette naissante et toute trempée. Chicken.

Je ne prenais aucune note, ne pouvant tenir mon crayon tout simplement. J'étais pétrifiée.

Il voyait ma fébrillité. Mon inhibition. Mon émotivité exacerbée. Ma fragilité. Tout ce que je détestais chez moi et que je tentais de cacher. Non, inutile de cacher, il fallait tout simplement fuir à partir de là, je détestais son regard. Et à la fois le désirais, ce regard.

Les minutes se déroulaient si lentement. Il me semble que ce séminaire tournait en rond, était inutile. Il m'a demandé de m'approcher de lui. Encore.

Je me suis approchée.

Les sueurs se sont mises à couler le long de mes vertèbres lombaires. Des mèches de cheveux sur mon front étaient mouillées. Je suis sortie de classe, en ne m'excusant même pas, et je me suis écrasée dans les toilettes des filles...

Non, je ne vais rapporter ici aucun détail "croustillant". Ça ne se bouffe pas comme des chips Bar-B-Q. Ça se passe de détails pornos, ça se passe de détails avilissants.

Personne n'a rien à cirer des aventures pudiques d'une jeune adulte. C'est inutile de sombrer dans l'écriture de ces délires. Mais je ne "delete" pas. Car à la fois, je devrais "deleter" l'émotion. En fait, ça serait sûrement la meilleure solution, mais comme j'en doute...


mercredi, avril 20, 2005

Il n'aurait pas dû

Pour le collectif Coïtus Impromptus

Il n’aurait pas dû surgir ainsi un après-midi de septembre devant la classe.
Il n’aurait pas dû être beau comme jamais je n’avais vu d’homme si beau.
Il n’aurait pas dû être fascinant.
Il n’aurait pas dû m’inculquer de passion.
Il n’aurait pas dû avoir quelque chose de Brel.
Il n’aurait pas dû tenir compte de mon regard inquisiteur.
Il n’aurait pas dû m’observer.
Il n’aurait pas dû me croire fantasque quand j’avais pourtant 23 ans.
Il n’aurait pas dû caresser mon châle sous mon regard.
Il n’aurait pas dû admirer ce collier espagnol entre mes seins.
Il n’aurait pas dû être intrigué par mon mystère.
Il n’aurait pas dû m’encenser exagérément.
Il n’aurait pas dû dire les mots que je ne pouvais dire.
Il n’aurait pas dû me garder après un cours.
Il n’aurait pas dû s’approcher de moi.
Il n’aurait pas dû se coller à mes cuisses.
Il n’aurait pas dû me demander d’aller chez lui.
Il n’aurait pas dû créer des attentes.
Il n’aurait pas dû me téléphoner.
Il n’aurait pas dû me faire m’évanouir.
Il n’aurait pas dû croire que j’étais apprivoisée.
Il n’aurait pas dû abdiquer devant ma pudeur.
Il n’aurait pas dû me bouleverser.
Il n’aurait pas dû regarder mes mains trembler à son approche.
Il n’aurait pas dû m’admirer fragile.
Il n’aurait pas dû espérer me mettre au monde.
Il n’aurait pas dû croire que c’était banal.

Il n’aurait pas dû se ranger dans le coffret de mes souvenirs précieux.

mardi, avril 19, 2005

Le soleil m'a tapé sur la tête...

J'espérais me voir en entrevue, au téléjournal, mais Benoît m'a volé la vedette. Le con cave Charest a été sauvé par le conclave.

Le soleil m'a tapé sur la tête, les maraccas et les sifflets, sur le système. Les nouvelles de la journée se sont présentées ainsi à mes oreilles : tout le monde s'est énervé aujourd'hui autour d'une cabane à sucre qui boucanait.



Ça a sorti noir, puis blanc, les cloches ont tardé à se faire entendre, sûrement celles de la commission Gomery, mais elles continueront demain. Paraît qu'un nommé Benoît était près du Saint-Siège et a la réputation de se tenir les fesses serrées. Les profs se sont étendus sur la grève, il a fait 26 degrés quand même. Les tambours pendant la marche des profs ont fait habemus papam habemus papam tout l'après-midi, au centre-ville, accompagnés par des chansons à choix de réponses. Mgr Ouelette aura peut-être un rôle important auprès du prochain Saint-Siège, on sait pas, il en sera peut-être le trou du cul. Enfin, va falloir, paraît, que les femmes se contentent de tenir les cierges, les homosexuels aussi. Euh pis les prêtres aussi tant qu'à y être... Enfin, le nouveau pape ne vient pas d'un pays ou ça grève de faim...

S'il devait y avoir une réforme, c'est pas à l'école. À moins qu'on ait des écoles de réforme. Ça, c'était pas dans les nouvelles, excusez-moi.

En tout cas. Je vas me coucher. Bonne nuit.

Grincheuse : Me v'là rendue plus catholique que le Pape.

Grincheux : Han ??!!

Les lumières qui scintillent encore à 5 h du matin cèderont la place aux piquets de grève des enseignants.

Je suis issue du public. Je maîtrise bien l'orthographe, mes enseignants en mathématiques ont été fabuleux, bien plus qu'au privé ou j'ai fait un séjour. J'ai bien acquis les mathématiques; au public, elles sont primordiales, au privé, elles passent au second plan. Je ne raconte pas d'histoire, j'ai vécu les deux systèmes. Je connais ce que c'est que l'apprentissage dans une classe turbulente, mon goût pour les sciences s'est arrêté là. Heureusement, dans les matières de base, les classes enrichies existaient et existent toujours. Ce sont les classes enrichies qui ont maintenu ma motivation pour l'école. Elles doivent continuer d'exister, elles contribuent à l'émulation.

Ainsi, il y a 30 ans, on était confronté au même problème : aucune ressource pour les jeunes à problèmes. Et on sait que les cas se multiplient, les parents sont débordés. Ça fait trop longtemps que des jeunes démunis sont laissés à eux-mêmes et qu'ils dérangent, décrochent, entraînent dans leur sillage des camarades influençables, écoulent leur stock de pot auprès des plus vulnérables, pensent qu'ils sont nés pour un petit pain, démissionnent en raison de l'accumulation des échecs, restent dans la rue après l'école, font preuve d'impolitesse verbale par manque d'éducation, en prenant une place négative dans l'espace de l'apprentissage, car ils ne savent pas y trouver leur compte.

Ce n'est plus aux autres élèves à souffrir de la situation, comme j'ai laissé ma motivation pour les sciences au labo de chimie de 4e secondaire. Et je n'ai jamais cru que mon prof en était la cause : la classe était simplement débile. C'est peut-être le constat de l'approche économique de type "polyvalente" qui en est la cause, les méga-surfaces de l'apprentissage à bon compte. Enfin, depuis 30 ans que ça dure... Ça va faire.

lundi, avril 18, 2005

Ortograf

Je lisais sur le blog L'homme est-il né pour être rentable une critique du site de la ville de Montréal, site dédié aux personnes ayant des incapacités intellectuelles.

Allez consulter cette critique, elle vaut le détour; et je ne peux rien y ajouter. Ça dit ce que j'en pense. Et allez-y pour rigoler...

Pa plu fasil de comprand kank sé técri o son chut bin dacor. Megne con lé pran pour plu nono quisson.

L'horloge me donne des gifles à coups d'aiguilles, je me presse, je dois réfléchir comme on fait un pipi en vitesse quand la cloche de l'école va bientôt sonner. J'écris dans cette contrainte, chaque matin.

La réflexion est contraignante car elle est contraire à notre mode de vie, elle se fait dans la lenteur; on lit, on pèse les mots. Surtout la poésie. On écrit, après avoir mis en place la suite lisible qui révélera le mieux possible le senti. Dire, c'est long. C'est comme un travail d'horloger. Lui, il prend le temps à deux mains. Un travail de minutie qui ne peut être une course contre la montre.

Imaginez l'espace d'un vers; et le temps qu'il a fallu pour l'avoir écrit pour qu'il prenne sa petite place.

Mon frère fêtera bientôt son 50e anniversaire. La famille lui offre une horloge grand-père en cadeau. Au premier niveau, c'est banal. Pas dans la symbolique. À vrai dire, c'est sur le temps de sa vie qu'il a construit sa maison, sa famille, élevé ses enfants, accompli son travail, accumulé ses biens. Comme il aura 50 ans, ça veut peut-être dire que le temps lui appartiendra un peu plus au cours des prochaines années, et paradoxalement, un peu moins. Enfin, ça lui donnera peut-être le temps d'autres désirs. Et le balancier lui indiquera que ses désirs se font urgence.

Je ne suis pas sûre que cette symbolique soit la même pour lui; le temps, pour mon frère, est également quelque chose de précieux, et je pense qu'il en a une conscience encore plus aiguë que moi; mais il en a moins gaspillé. Moi, le temps, par curiosité, je le regardais couler comme sable entre mes doigts, et ça me fascinait. Ça me fascinait et me terrorrisait. Je me regardais en train d'être terrorrisée. Pensant qu'on peut retenir le temps quand on le regarde... Ou quand on se regarde, comme si ça immortalisait que de se regarder regarder le temps...

Fini cette époque. La cloche va sonner bientôt. Je dois partir. À suivre.

dimanche, avril 17, 2005

Poème de ma mère

Je retranscris ici ce poème de ma mère, trop humble pour le faire elle-même. Elle devrait alimenter son blog, non ?

L'oeil de l'explorateur
Au creux des reins
Elle se crispe et se recroqueville
Sur l'insondable de son sein
Jalouse ses souvenirs
Qui se livrent pourtant
Siècles après siècles
Et viennent claquer leur lambeaux
Sur les flancs salins de l'oubli

Isabelle

samedi, avril 16, 2005

Se noyer dans les autres ?

Je suis d'une générosité qui va jusqu'à l'exagération, jusqu'à l'oubli de soi. Déjà, à l'adolescence, ma mère me le reprochait. Je comprends maintenant; avant j'entendais "s'occuper de soi" comme une éloge à l'égoïsme. Je me disais : "Oui, mais, qui va s'occuper des personnes rejetées, des itinérants, des malades, des jeunes abandonnés, des pauvres, du Tiers-Monde ?"

Un prêtre un jour m'a dit (au Cap-de-la-Madeleine, les prêtres sont d'avant-garde) - je répète ses propos de mémoire - : "Tu n'es pas le Christ, arrête. Il y a eu un Christ, ce n'est pas à toi de le tenter de le remplacer. Ça mène à la crucifixion. Pense donc à te faire jolie, à séduire, à trouver ta vocation, celle d'écrire peut-être. Dieu s'occupera du reste".

Pourquoi me suis-je dirigée vers un prêtre ? Pour entendre un autre discours que celui des psychologues sur les modèles inconscients, le lâcher prise, tout ce charabia qui me donne le mal de coeur.

Je ne suis pas croyante et pourtant très imprégnée des valeurs catholiques. S'aimer les uns les autres, donner sa vie aux autres, qui donne aux pauvres entrera au Paradis, etc.

Objectivement, ce dévouement aux autres qui nous a été chanté sur tous les tons dans mon enfance, il est devenu un défaut. Au fond de moi-même, je vis cette contradiction avec difficulté.
Oui, j'ai eu maintes fois la preuve qu'il nous faut pas trop jouer aux Térésa, car c'est une très grande prétention et c'est finalement aussi très égoïste.

En réalité, je n'ai jamais sauvé personne, je n'ai pas changé le Tiers-Monde, ni les criminels, ni les pauvres, ni les suicidaires. C'est un rêve de fou, une entreprise Don Quichotte. Mais on aime les fous, non ? Ils ne sont pas banals...

C'est aussi par fantasme que je me promène dans les pires rues des pays du Sud; j'ai l'impression que je change quelque chose en regardant les gens y survivre, en échangeant avec eux, c'est un fantasme de missionnaire. Ou de journaliste. Je vois l'Histoire qui s'écrit live. Je défilais à Pie-de-la-Cuesta dans un taxi Wokswagen illégal en compagnie probablement d'un mafieux, et je me sentais vivre...

Oui, je viens d'écrire la vie. Il me semble. Et en même temps, je ressens une angoisse très profonde. Le désir de sauver les autres m'oppresse, ça me rend anxieuse d'écrire tout ça.

Et voilà qu'il faut que je me fasse plus humble, en écrivant ces lignes :

Je vais passer chez la coiffeuse cet après-midi, puis chez l'esthéticienne. J'ai besoin de me faire faire une électrolyse aux jambes, l'été s'en vient. Et puis : rendez-vous au salon de bronzage. Je vais faire du scooter après, il fait tellement beau ! Je finirai ma journée dans un bon bain mousseux et je tenterai d'exciter mon conjoint pour que nous ayons une soirée des plus torrides.

Pas intéressant, mais vital.

"Prendre soin de soi" est une expression qui me fait penser à "massage, esthétique, coiffeur"... C'est banal, c'est le b.a. ba de la vie contemporaine. Je ressens de la difficulté à me restreindre à cela.

Pour ce qui est de ma contrariété à ne rien changer ici bas, je le confie à "Dieu". Mais je continuerai de vivre entretemps, à regarder la vie, les autres, sans oublier de me protéger, d'assurer mon bien-être personnel, et combler mes "besoins narcissiques".

Ai-je besoin de la foi finalement ?

Je n'aurais jamais pensé un jour écrire le mot "Dieu" dans un texte...

vendredi, avril 15, 2005

Beauté - Premier chapitre

En magazines, en épilation, en facial, en yoga, en traitement de varices, en Botox, en Ogilvy, en blanchiement des dents, en mascara, en ongles acrylique, en approche Pilates, en chirurgie esthétique, en tapis roulant, en salade verte, en fer à friser, en permanente banlieue, en fond de teint maccabée, en verres de contact conjonctivites, en liposuccion, en crème hydratante, en traitement de couperose, en cailloux 14 carats, en diamants meurtriers, en sourire Dentyne, en talons hauts bouts pointus, en mèches blondes, en bas de nylon, en masque-cernes, en lifting, en pince à sourcils, en bain de boue, en massage, en percing au nombril, en rouge à lèvres, en rimmel, en salon de bronzage, en jeûne, en Dove, en teinture, en traitement anti-rides, en jogging, en gant de crin, en pédicure, en tresses, en fard, en dessous affriolants, en bobettes-brassières assorties, en robe de nuit Hollywood, en chapeau-casquette, en cures de beauté, en sexe fétichiste, en seins de poupée barbie, en brassière paddée, en ventre plat, en ,,,,

Je refuse certaines de ces tortures. Mon budget est déjà défoncé par un minimum "décent".

Quelle industrie, n'est-ce pas ? Sommes-nous dupes ou fières ? La beauté est cruciale chez la femme, oui, mais : par souci d'esthétisme inné chez elle ou par instinct de survie, comme chez des petites bêtes sophistiquées ?

jeudi, avril 14, 2005

Imparfait du subjonctif

Pour le collectif Coïtus Impromptus

Elle aurait aimé qu’il vint la voir. Elle aurait sans doute cru qu’il fût amoureux d’elle, mais n’en sachant rien, elle aurait pu présumer qu’il ressentisse ces sentiments.

Il aurait fallu qu’elle le crût ce jour mais il aurait pu croire qu’il s’agisse d’une idylle. Doute, hypothèse, spéculations. Ainsi, il aurait cru qu’il l’aimasse autant qu’il n’avait jamais aimé auparavant.

Pourtant, le fantasme était là : elle aurait imaginé qu’il fût à ces côtés, qu’il embrassasse ses lèvres, qu’il caressasse son corps, qu’il déployasse son verbe, qu’il se fît gentilhomme; qu’eux deux, partissent en amoureux autour du monde.

Un matin d’avril, il aurait bien juré qu’elle se présentasse à la gare pour son départ; il n’en était rien.

Il aurait bien fallu qu’il se résolût à apprendre mieux ses verbes, qu’il conjuguasse avec habileté le verbe aimer, qui se prête difficilement au subjonctif, et encore moins, à l’imparfait.

Écrire sans écho

Dans un commentaire précédent, Leblase me demandait : "Bloguer seul, n'est-ce pas comme crier dans un désert en espérant que vienne un chameau?"

Pendant que je crie seule, l'écho me revient et c'est dans cette solitude que s'opèrent certaines transformations. Je suis sur l'ïle Esperanza, destin d'un Robinson Crusoë, loin de la civilisation, ayant une île à bâtir. Une île à bâtir comme on se réapproprie la solitude, comme on se réapproprie nous-même. Et pourtant, voilà une quête bien effrayante à mes yeux.

Bizarrement, quand une chose nous terrifie, elle a le don de nous talonner. Je suis toujours seule et jamais seule. Ce miroir, qui hante parfois mes moments de solitude, comme je l'ai souvent retourné pour ne plus m'y voir. C'est un acte de courage que d'être seul. Et je me fais mon scénario : je ne suis jamais seule au travail, je ne suis pas seule dans ma vie privée; le mot "solutide" m'horrifie. Je n'ai jamais compris comment Moustaki pouvait la qualifier de "douce habitude".

Pourtant, parmi les grands apprentissages que je dois faire, c'est celui-là qui me sera donné tôt ou tard de faire, d'apprivoiser cette solutide, ce que je repousse à faire depuis trop longtemps. Cette solitude, qui me talonne ici également, m'exaspère à certains moments. C'est révélateur de l'aversion que j'ai pour elle. Je pourrai regarder cette solitude à la loupe, elle me dit quelque chose dans son silence.

On finit toujours seul; mais en ce moment, je repousse encore le mot solitude. Mais elle surgit à tout bout de champ. Elle se rit de moi en m'attendant à un détour, car à tort, je ne m'en suis pas faite une amie.

mercredi, avril 13, 2005

Des grèves sporadiques

Dans leurs revendications, les enseignants sont appuyés par l'opinion publique. La population est donc bien informée que les écoles manquent d'orthopédagogues, de psychologues, de psycho-éducateurs pour soutenir les jeunes ayant des problèmes comportementaux ou d'apprentissage.

Deuxième grand point : les classes débordent. Un climat de classe favorable à l'apprentissage est possible dans une classe de plus de 30 élèves, moyennant une discipline militaire. Les enseignants ne sont pas formés dans l'armée. Désormais que les jeunes en troubles d'apprentissage sont réintégrés, ceux-ci siphonent littéralement toute l'attention de l'enseignant et démotivent les élèves qui fonctionnent bien. Depuis les années 70, beaucoup d'énergie a été investie en classe pour les élèves défavorisés, par souci de démocratie, mais combien de jeunes motivés avons-nous laissés de côté pour tenter de rescaper les plus difficiles?

Il serait temps que les jeunes en difficulté profitent de ressources particulières et que les enseignants s'occupent enfin de ceux qui vont à l'école pour apprendre. Les enseignants n'enseignent plus, ils éduquent.

Certains s'offusquent du nombre de jours de classe chaque année, des trop longues vacances, des heures d'enseignement officielle pendant une semaine : en vérité, la moyenne des heures passées avec les élèves s'élèvent chaque semaine à environ 16 heures. Comptez deux heures de récupération. Comptez trois heures à régler les cas disciplinaires. Comptez les deux heures de retenue et de gestion de comportement. Comptez, en moyenne, trois heures de correction. Comptez en moyenne pour une étape cinq heures/semaine de planification, de photocopie, de recherche de matériel pertinent. Comptez les appels aux parents. Comptez l'heure de surveillance hebdomadaire. Comptez les heures de réunion. Je ne compte évidemment pas les heures passées à compiler les notes à la fin d'une étape, c'est le pic. On en est bien minimalement aux 32 heures officielles, comme tout bon citoyen qui occupe n'importe quel autre travail, dont 16 heures passées en classe, ou le stress est particulièrement élevé. Les journées pédagogiques, obligatoirement de 6 heures passées à l'école à faire des réunions, des mises à jour sur la réforme, des échanges avec les équipes-écoles représentent des journées de trève d'argumentation, de chiâlage, de chahutage, de bruit et de sermons moralistes.

Bon, ça cloue le becs des mauvaises langues. Mais il y en a de moins en moins...

Les fabuleuses vacances d'été ne sont pas payées; le salaire est seulement réparti sur 12 mois plutôt que 10.

Si je n'aimais pas les adolescents, je ne ferais pas ce métier. Le plus grand salaire pour l'enseignant est de voir un élève heureux d'apprendre, de créer, de participer, de s'épanouir. Seulement, les cas plus difficiles entraînent souvent un sentiment d'échec, premier pas vers l'épuisement professionnel. Les cas de troubles comportementaux ne sont carrément plus acceptables dans les classes.

Je fais ce travail par égoïsme : l'enseignement n'est pas une routine; source de très grandes déceptions, il procure en même temps de très grandes satisfactions. C'est ma thérapie personnelle. Parmi nos 32 élèves, au moins la moitié veut vous faire craquer. On résiste au reflet cruel qu'ils nous renvoient, aux impolitesses, à la vulgarité, aux intimidations, jeu qui finit par faire place à du respect, à coups de sermons. Parfois on échoue, parfois on réussit. Puis on passe à la vocation pour laquelle nous avons été formés : transmettre le plaisir du travail intellectuel.
Il s'agit simplement de ne pas se laisser emporter par l'inertie de nombreux élèves, qui ne voient pas l'importance de l'école dans leur vie.

J'hésitais : grève ou pas grève? Je réponds oui. Le respect de l'enseignant doit reprendre sa place, comme celle qui revient aux parents.

Comme la profession est difficile, elle est encore plus attrayante. On a la sensation de vivre. Mais ne tuons pas dans l'oeuf la vocation des enseignants, qui trop souvent abandonnent la profession dès les premières années de pratique. Pourtant, deux mois de vacances !!!!!!!

Oui, les contribuables paient nos salaires. Mais ils paient aussi les 50 % de frais des écoles privés des petites-filles petits-garçons-fils-d'avocats-d'avocates-de-médecins-et-de-cadres-professionels qui fréquentent l'école privée. De l'argent volé à la classe moyenne pour les mieux nantis. Ça, c'est voler. Et qu'on arrête de téter les votes du côté des minorités ethniques, en subventionnant à 100% leurs écoles, dont un grand nombre est anglophone !!!

mardi, avril 12, 2005

De la solitude

Le lever du jour s'accompagne de l'écriture sur mon blog. La plupart du temps, l'espace est rempli de propos sans pertinence. À preuve : peu d'écho !

Les bloggueurs cherchent. Certains cherchent la cote en affichant le nombre de visites sur leur site, comme on affiche des cotes d'écoute (c'est aussi pire que la télé-réalité, pensez-y); d'autres cherchent des lumières; d'autres encore cherchent à mettre au monde un roman, ce que je trouve déjà plus noble que la quête de popularité ; d'autres s'amusent à parler de leur loisir, comme on publie des livres sur des sujets généraux aux éditions Stanké (ceci n'est pas sarcastique). Je n'ai pas la prétention d'avoir fait la liste exhaustive des raisons de publier un blog.

Ma place serait-elle de parler des autres blogs? Je suis une observatrice, c'est ma nature, et ma vocation de bloggueuse prendra-t-elle un jour cette voie, celle de commenter les autres blogs, car il y a vraiment trop d'égos. Comme dans la vie, trop de paroles, pas assez d'oreilles. C'est ce que je déplore le plus des blogs.

Et ce n'est pas parce qu'on blogue que ça fait de nous des auteurs en herbe, le fantasme de beaucoup de bloggeurs, de même évidemment que celui de la personne qui écrit.

La plus grande raison d'écrire son blog : la plupart à mon avis cherchent à ne plus être seuls.

Julie a répondu à l'un des mes commentaires et j'étais heureuse. J'ai rarement des échos, et Julie m'a répondu, je n'ai pas parlé dans le vide et ça tient en vie mon blog. Elle me répondait que oui, dire, c'est ne plus être seul.

Parlons-en de la solitude.

La solitude, ce n'est pas de vivre seul; ce n'est pas de parler à son chat; ce n'est pas d'être célibataire; ce n'est pas d'être âgé; ce n'est pas de manquer d'amis. La solitude, c'est de croire que nous sommes seuls dans notre condition humaine. Seuls à sentir telle émotion, à avoir telle opinion, à se révolter contre telle situation; dire, c'est un geste de liberté.

Je confirme donc ce que j'avais déjà écrit : poursuivez votre blog, vous avez le droit de parole. Et quelqu'un quelque part sent ou pense la même chose que vous...

lundi, avril 11, 2005

Ortografe

Mes coréction d'ezamens sont fénis. Statéstique : 98 pour sang des élève de 2e secondère ont échouée le critaire ortografique.

Il ya deux position consernant la réforme de l'ortografe (vous avé écoutée Bazo a ce sujet a son émision "y va y avoir du sport"?) Y a les concervateur qui veulent conservé la cuture inscrit dans l'ortografe. Y a les autre plus pratique, qui prones une réforme mure-à-mure. C'est sûr que sa faciliterais la rèussite du fransais et que écrire ne deviendrais plus un cauchemard. Mets il faudrais quant megne avoir sertaine règles...

On dirais que l'écrit va tombé en désuétude. Profitons-z'en pendant que les logicielles de reconéssance vocale ne sont pas encore sur le marchée. Le Bon Usage appartient des a présent à une élite, semble tille.

Vous êtes chanceux, je vous ai épargné les fautes de syntaxe :) Débat plus sérieux à venir...

dimanche, avril 10, 2005

Au lieu de publier, Jacques Lacan disait poublier: « J'écris, non pour me souvenir, mais pour oublier. » Un blog comme poubelle

Le souvenir, aux fins thérapeutiques, on le poublie/publie/oublie/poubelle pour s'en libérer, c'est le fondement de la psychanalyse qui a marqué le XXe siècle.

La psychanalyse n'a pas "livré la marchandise" tout à fait. Dans le traitement des névroses et des psychoses, son rôle est mineur. La médecine du "mental" piétine toujours au Moyen-Âge. C'est dire les limites de la psychanalyse.

Pourtant, dire le refoulé libère le surplus dans la marmite, surtout si le couvercle a été fermé hermétiquement. Dans ce sens, le blog peut-il servir de poubelle?- Question en aparté.

La psychanalyse à elle seule a entraîné un culte exagéré de l'égo. Nécessité oblige d'avoir un portrait reconstitué de notre biograhie pour avoir accès à du sens. Nous sommes tous en quête de sens. Est-ce le vaccum laissé par le balayage des valeurs religieuses ou par la mort de Dieu? La psychanalyse serait-elle devenue le nouvel "espoir tragique", attribué à la foi par Camus dans ses carnets? Espoir de guérison, espoir d'être qui nous voulons, espoir de trouver du sens, espoir d'une quelconque pérennité dans la supposée universalité de nos propos et de nos expériences?

Y croyez-vous vraiment, vous ? Croire en la psychanalyse ? Étrange, n'est-ce pas ? On ne demanderait jamais : "Croyez-vous à l'inhalothérapie?"... Ainsi, il y a un brin de foi dans la psychanalyse, cela ne lui confère donc plus le titre de "science". Elle m'apparaît plutôt aujourd'hui comme une pratique sectaire.

Publier, dire, c'est oublier? On n'oublie rien de rien, on s'habitue, c'est tout...

Dire, c'est surtout ne plus être seul.

samedi, avril 09, 2005

Une chanson, des personnages...

Des chansons et des gens, mon "Radio Days" personnel.

1. The Lion Sleeps Tonight

Quand j'étais enfant, ma mère est retournée enseigner; il fallait donc une gardienne à la maison, et ma tante Pierrette, en attendant de se marier, a bien voulu remplir cette tâche.

Pendant que je m'amusais à mes poupées à découper, que je téléphonais à des personnages imaginaires sur mon petit téléphone rouge et vert, ma tante Pierrette cousait, je ne sais plus ce qu'elle cousait. Elle aimait s'affairer aux choses de la maison. Elle écoutait la radio, un poste qui diffusait des chansons à la mode. Je me rappelle de la chanson The Lion Sleeps tonight (à cause d'awimbawé awimbawé que je décodais ainsi à 5 ans). J'avais l'habitude de répéter les mots étranges que j'entendais à la radio. J'ai répété pendant euh... longtemps awimbawé awimbawé...
Vous vous rappelez de l'époque ou les ondes de la radio étaient si mal reçues qu'on entendait toujours, en arrière-plan, un genre de "touf touf" qui acompagnait la musique?

2. Pourtant que la montagne est belle...

L'amie de ma mère, Marie-Andrée, en plus de s'adonner à son métier d'enseignante, faisait les boîtes à chansons. Elle avait une voix magnifique, elle était un vrai mythe. C'est grâce à elle que j'ai pris ma première goutte de vin rouge, que j'avais la sensation qu'un adulte me parlait de manière compréhensible. Pas étonnant qu'elle ait consacré sa vie par la suite à l'écriture d'oeuvres pour enfants ! Avec son mari français, elle était la fée et lui, le Prince charmant. Pas revu ces gens depuis. Ils ne se doutent même pas qu'ils sont gravés en ma mémoire...

3. Do le do il a bon do

Grrrrrrrr le frère de mon père avait 7 enfants et la famille se prenait pour les Von Trap. Enfants et parents chantaient ça dans les sous-sols d'église. Pas capable aujourd'hui non plus.

4. Scarborow Fair...

Trop de souvenirs pour une seule chanson, peut-être celle qui m'a le plus marquée. Ma soeur a regardé Le Lauréat, je devais avoir 8 ans.

Ma soeur, en 1970, est arrivée à la maison avec un disque, Simon & Garfunkel, Bridge over troubled water. J'ai traduit tous les mots, on les imprimait sur les pochettes à l'époque.

Plus tard, je me suis appropriée le disque de 1968, dont la plupart des chansons faisaient partie de la trame sonore du Lauréat.

Quand j'ai appris la mort de ma soeur le 28 avril 1987, Scarborow Fair jouait à la radio. Coincidence poétique.

5. Spirit in the sky

L'ennui dans la balançoire de l'absurde dans la cour, avec un radio transistor encore "touf touf". La balançoire suivait le rythme de la chanson; avec de l'imagination, on aurait pu se croire à bord d'une navette spatiale :) J'étais avec mon amie Lucie, chez qui l'anglais me donnait des frissons. Elle chantait la chanson un peu comme ça : dowénâ piri inna ska...

6. Entre deux joints

Bon, la polyvalente. Cette chanson marquait le vendredi soir et la fin de semaine. Ça me rappelle aussi que mes parents étaient indépendantistes et qu'il n'était pas question que je fréquente l'école anglaise. Je voyais pas d'incohérence...

7. Can't get enough of your love babe de Barry White !

Les hormones commençaient à monter. Ça débutait la journée à la poly. Le disco se pointait. Ma amie Sylvie Provencher trippait sur Barry White. On s'amusait dans les cours de chimie.

8. I Want You (Beatles)

Bon là c'est l'époque un tantinet hippie de mon frère. Il y a bien d'autres chansons autour de lui, mais celle-là m'a marquée, ça lui donnait un air sympathique. She's so HEAVYYYYYYYY "à la planche" dans la cabane. Enfin, de la vie. Ça allait, au moins pire, avec une Players.

9. Let it be

Cette année-là, tout allait mal, pas seulement pour les Beatles. C'était dans l'air partout. Durant la neuvaine du 15 août à Cap-de-la-Madeleine, le prêtre avait repris les paroles de cette chanson pour faire son "homélie" (faut plus dire sermon). When I find myself in times of trouble, Mother Mary comes to me... lire "La Sainte Vierge". Non, cette chanson me donne les bleus.

(Excusez-moi, la chronologie est approximative)

10. The Boxer

La seule fille de mon âge avec qui j'ai pu tripper sur Simon & Garfunkel, c'est mon amie Marie-France Ouellette. Je devais être très drôle à l'adolescence, car sa mère lui avait empêché de sortir un soir parce qu'on riait tellement qu'elle en faisait pipi dans ses jeans. Puis on chantait : Lai la lai, lai lai lai... etc. du Boxer. Je n'ai jamais su ce que ça signifiait pour elle; elle aimait ça, c'est tout. Puis elle riait. Je ne me souviens plus de quoi on riait. C'est ça les ados.

11. Danser danser de Nanette Workman

Presque certaine que c'est une chanson oubliée. Parce que vous n'avez pas vue danser mon amie Lucie (qui ressemblait à Nanette, c'était son "surnom"). Elle avait autant de rythme qu'elle connaissait l'anglais. Imaginez la scène alors... On eut dit un kangourou en fuite.

12. Where do the children play

Misère d'adolescence. Quoi faire pour être plus belle? Y a bien cet ami de mon frère, qui aime Cat Stevens, et qui me plaît. 500 calories pendant un mois. Ça a pas marché pareil.

13. Goodbye yellow brickroad

Je brise encore la chronologie. Je me rappelle d'un original qui a fréquenté ma soeur et qui a passé proche de l'épouser (ouf, juste passé proche). Il s'intéressait au bonhomme qui se faisait enterrer vivant et qui maîtrisait sa respiration (je me rappelle carrément pas du nom de ce fakir). Ce gars-là m'avait donné un disque d'Elton John en cadeau. Je n'aimais pourtant pas Elton John à 15 ans. Mon père appelait le chum de ma soeur "Blémus".

Faudra un jour que je fasse un "post" sur les expressions de mon père... pas blémus pantoute.

14. I can't get no (évidemment !)

L'époque ou ma soeur me tombait sur les nerfs. Les sandales en l'air, elle dansait, les Rolling Stones semblaient lui appartenir. Mais pas Simon & Garfunkel, haha.

15. Heureux d'un printemps

Ça commence à être plein de souvenirs. Mon amie Lina aimait s'écouter chanter. Elle s'habillait avec de longues robes hippies, elle mesurait 5'9 et pesait 110 lbs. Elle aimait les chansons petite misère.

Je me revois au cégep avec mon poncho, mes mocassins, mes foulards sur la tête. Pas de photo, heureusement. Études en lettres, c'était cool.

À suivre peut-être... il y en a tant d'autres...

vendredi, avril 08, 2005

Laideur...puis beauté

Les pitounes sur la rivière Saint-Maurice; le tas de billots qui déboulent la nuit; la fumée des cheminées de la Consolidated Bathurst; les duplex; les enfants qui jurent; l'école Sacré-Coeur; les trois trisomiques du quartier qui répétaient ad nauseam les mêmes paroles; l'Italien qui appelait sa fille en criant; celle qu'on appelait la Dimitri, un peu folle; la balançoire de l'absurde dans notre cour arrière; la boîte à lunch en métal de mon père; la voisine qui se tapait son beau-frère; le jeune brûlé par la colle à tapis; la bonne femme Mailhot en gougoune dans la rue sur la crise de nerfs; le bonhomme Mailhot saoul comme une botte; les coups de règle de la maîtresse d'école sur la tête des enfants pauvres; la coupe de cheveux de Pauline, une camarade de classe au primaire; la platitude de la course annuelle de canots entre les pitounes; les boucs émissaires du primaire; les vieux vêtements de ma soeur que je devais porter; les noms méchants que les enfants criaient dans la cour d'école; la commère du logement d'à-côté; le jet-set psychiatrique du quartier; les gars qui rotaient dans la classe en 6e année; la salle de pool chez Vic; le nez en l'air des filles de bonnes familles; la balade en char du dimanche jusqu'à la Caillette de Maskinongé.

Mais il y avait les frères Tancred de l'autre côté de la rue Toupin. Les frères Tancred à qui ma soeur et moi rêvions en silence. Les intellectuels du quartier. Ces grands blonds-là (type californien bien bronzé et tout et tout) passaient du temps sur leur galerie en silence, en se donnant un air imbécile.

Et il y avait les cours de piano chez Brigitte Loranger. Et la maison de Brigitte Loranger. Avec les tapis de Turquie, les photos anciennes, les meubles XIXe, l'immensité du mobilier de cuisine. La chevelure de la mère, toute blanche, qui dévalait jusqu'à ses hanches.

Il y a eu Miquette, ma chienne, qui a accouché de trois chiots.

À trois rues, il y avait la maison de grand-maman, ou ça vivait.

Il y avait Pour Élise que ma soeur jouait magnifiquement à 12 ans.

Et voilà, pour aujourd'hui, ce qui me vient de mon imaginaire d'enfant.

jeudi, avril 07, 2005

La bolle

À mon époque, les "nerds", on les appelait "les bolles".

Au secondaire, j'étais "la bolle". Les filles, à l'adolescence, contrairement aux gars, aiment cette réputation.

Jeune fille rangée à l'école, elle était celle qui ne parlait jamais, faisait ses devoirs, se délectait de son petit livre "Joies de lire", visait les 95 %, était toujours pacifique. Elle n'avait jamais besoin d'étudier. Acceptée évidemment chez les Ursulines avec mention +++ (ça voulait dire université), elle avait confiance en ses capacités intellectuelles. Elle avait une grande culture, même si ses parents ne lui offraient jamais de voyage en Europe, privilège des filles de médecins ou d'avocats. Par ailleurs, elle a détesté l'école privée; la saveur élitiste ne lui convenait pas. Elle est retournée à la polyvalente, solidarité oblige, ou "ça fumait du pot, ça devenait enceinte" et patati patata. Comme elle détestait sa maudite face d'ange, elle s'est mise à fumer des Players. Pas des light. Pour être acceptée dans le milieu rock n'roll. Rebelle comme une adolescente.

Élevée dans un quartier populaire, elle étonnait avec ses répétitions au piano, bizarrerie de plus de la rue Toupin "du Cap". Les filles du quartier trouvaient étrange son langage (qu'avait-il au juste?) et, pendant que ça fumait du pot au secondaire, elle croyait que c'était mal et qu'il fallait sauver les neurones de ses amis de la polyvalente, solidarité oblige.

Ses parents provenaient de milieux différents. Sa mère, élevée par les Ursulines, a toujours été une femme distinguée, cultivée et reconnue pour son savoir-vivre. Mondaine. Elle a épousé un ouvrier rustre, équarri à la hache, le portrait du colonisé (par solidarité?) mais pourvu tout de même d'une grande intelligence, sociable et d'agréable de compagnie.

À preuve qu'on ne peut mêler des pommes et des patates, la fabuleuse liaison femme modèle et homme prolo s'est soldée par un divorce en 1976. D'ou ma fascination pour les classes sociales, ce qui n'est pas un modèle imaginaire; cette réalité est très forte.

Histoire banale. Oui mais.

Ce genre de biographie ne crée ni des avocats, ni des médecins, ni des docteurs en philosophie, ni même des littéraires. Ça crée, au mieux, des travailleurs sociaux, des enseignants, des psychologues. Ou des serveurs, des secrétaires juridiques ou des employés de bureau. Ou parfois, rien du tout.

Exagération ? Étiquette ? L'identité passe beaucoup par le social, non ? "Que faites-vous dans la vie, Madame, Monsieur?"

On a beau être "bollé", la classe sociale est déterminante dans l'identité. Y a un quelque chose de prolétaire qui me colle aux fesses. Jamais pu de me débarrasser de ça. Et j'ai la fibre snobinarde passe-partout respectée des parents de mes élèves. Distinguée, la madame. Double identité. Lors de ses études universitaires, elle écoutait Bach à 5 h du matin, puis Paul Piché à 8 heures.

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Elle aime le Sud, mais pas les tout-inclus; elle aime rencontrer les locaux en voyage, mais pas les mieux pourvus; elle aime l'art populaire; elle aime les fibres naturelles, et porte le jeans; elle enseigne le français, mais ça lui arrive de sacrer en privé; elle réfléchit beaucoup, mais elle ne brille pas. Elle est une bolle, aux valeurs élitistes, élevée dans un milieu laid.

mercredi, avril 06, 2005

Ce soir j'ai l'âme à la tendresse...

J'essaie de multiplier les minutes pendant lesquelles je peux écrire sur ce blog, le précieux temps ne me le permet pourtant pas. J'empiète sur autre chose, même une heure de sommeil chaque jour, pour écrire quelques mots.

Ces moments ne sont cependant pas perdus. Julie me racontait combien parfois il ne s'agit que d'un mot pour faire la différence. Bien dit. Le choc des idées a du bon, être aimable compte également.

Chercher de la communication constructive, de l'attention, de l'approbation sur un blog ? Pourquoi pas ! Le contraire est aussi vrai, on peut chercher la polémique, en évitant toute entreprise de destruction massive. L'idée n'est pas d'avoir raison ; elle est plutôt de faire la lumière.

Pour le moment, j'ai plutôt l'âme à la poésie qu' à la polémique. Alors, voici un moment d'amour dans ma journée :

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mardi, avril 05, 2005

The flying cat

Vous connaissez les poissons volants et les poissons-chats; mais connaissez-vous les chats volants?

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Écriture timide, réservée, effarouchée, inhibée, dans l'obscurité du petit jour je ne m'aperçois pas, je me glisse timide sur le clavier, enfonçant des touches le plus silencieusement possible, hésitation à faire soi, à faire présence, à faire marque, à faire existence, je passe, je m'éclipse. En big bang un matin, un imaginaire en explosion, une folie douce, et ma distinction passe-partout en aurores boréales; mon rêve peut-être, un rire énorme qui résonne dans la blogsophère, sphère infinie, ou des lettres sont perdues et d'autres trouvées; je ne suis plus sur une île, je vogue dans un espace infini à bord d'un vaisseau spatial hermétique, des extraterrestres en vue entendront ma musique, j'ai vu la vie ailleurs et moi, ce matin, minuscule il y a beaucoup de vie sur les autres planètes.

dimanche, avril 03, 2005

Poésie

En raison de l'heure avancée, dodo plus tard après une soirée "quizz" en bonne compagnie, arrosée de quelques verres de rouge et/ou de cervezas. Il ne m'en faut pas beaucoup pour rire aux éclats, je dois tenir ça de grand-maman. Je pense en ce moment au Poisson d'Avril, je me dis que le grand rire de Léonie m'a peut-être sauvé la vie. Voyez, comme le personnage de Maureen Stapelton dans Intérieurs de Woody Allen, la nouvelle copine d'Arthur (le père), femme supposée vulgaire et sans culture qui sauve de la noyade la fille d'Arthur (elle s'appelait Zoé, si ma mémoire est bonne).

Ce matin : lever à 6 h 30, heure avancée. Grasse matinée ! Manque de clopes en me levant... j'ai dû patienter, le dépanneur était encore à l'heure normale. Je me suis donc dirigée vers un dépanneur plus loin. Petite promenade matinale dans le calme, je me suis délectée de cette poésie ordinaire. Malgré les 8 heures du matin, les rues étaient désertes, mais le marché sur Amherst était déjà ouvert, l'ancien marché Saint-Jacques. Je salivais sur le pain aux noix et j'ai finalement oublié mon envie irrésistible de fumer, pendant 15 minutes !

Avant cette sortie, j'avais lu le blogue de Julie70 : http://julie70.blogspot.com/ Plein de poésie, d'humour, de tendresse. Cette lecture m'a permis de jeter un oeil nouveau sur mon environnement pendant ma promenade.

Il y a des moments de miracles, de magie - appelons-les comme on veut par simple poésie pour une fois - comme ceux qui transpirent sur le blogue de Julie. Elle les connaît, ces moments, allez voir ses photos ! Pendant ma promenade forcée, une pluie que j'aurais habituellement trouvée agaçante m'apasait, j'entendais dans le silence des chuchotements d'amoureux qui se faufilaient par les fenêtres, des bourgeons qui éclatent doucement, des ronflements de travailleurs bienheureux du dimanche... le reste, je ne l'entendais pas. Aucune voiture surtout.

Pas de stress et pourtant... Tant pis, il est 9 h 25, on reporte à plus tard. Nous avons été raisonnables finalement... Mais comme il ne m'en faut pas beaucoup, voici ce que ça donne, au lendemain d'un demi-litre de Chianti :

Photo Hébergée gratuitement par Web-Images.orgMême l'horloge est encore à l'heure normale... comme mon horloge biologique. J'ai besoin d'un café pour le moment.


Photo Hébergée gratuitement par Web-Images.orgTantôt, il y a eu une percée de soleil. J'en ai profité pour prendre cette photo, mais aujourd'hui, j'aime Montréal gris et ce pavé mouillé. Je veux flâner, dormir, écrire, photographier... et tout de même corriger quelques copies bien truffées de fautes et d'incohérence...
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Deux aspirines, s.v.p.

Pour finir, parmi les bonheurs de l'ordinaire, je pensais à ma mère et son Opaline qui lui donne
Photo Hébergée gratuitement par Web-Images.orgbien de la joie dans son quotidien.

Bonjour Maman ! Je fais dodo aujourd'hui, ne t'étonne pas si ça ne répond pas... Elle est jolie son Opaline n'est-ce pas ? Et ma mère, elle a l'air sereine et ça me rend heureuse.

Photo Hébergée gratuitement par Web-Images.orgPendant ce temps, j'ai surpris ma Puce à se laisser tenter par la grasse matinée, même "l'obèse" matinée (il est quand même 10 h 30... ce n'est plus gras, ça !) avec un de ses colocs... Voyez la queue du chat surpris !!!

samedi, avril 02, 2005

Riviera Maya

Fotografias que acodarme mi viaje de la Navidad 2004 en Playa del Carmen, Valladolid y Chichen Itza.

Creo que voy a ir durante tres semanas a Mexico y a Acapulco durantes las vacaciones de verano.

No hay muchos mayas en "Riviera Maya". Playa del carmen y Chichen Itza son demasiado turisticos, pero la arquitectura en Valladolid es bonita.

Mucho calor y muchas colores...

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Tulum y Chichen Itza

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Chichen Itza y esplendida arquitectura de Valladolid

Pucepuce

Puce... photo 1

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vendredi, avril 01, 2005

La démocratie et l'école... suite

Marcus a laissé un commentaire sur le texte précédent, auquel réponse était très longue. Je réponds donc par un nouveau texte, suite (et fin?) de cette histoire... Contexte : Marcus me disait que j'aurais dû accompagner les élèves à leur manif.

Bien sûr, une manifestation, c'est une activité pédagogique en tant que telle.

Il doit bien y avoir des choses que je n'ai pas encore comprises de la psychologie adolescente. Est-ce qu'on doit les réprimer à ce point ? Suis-je dans les patates, moi, avec le discours démocratique - voire anarchiste - avec notre jeunesse, qui a eu un plafond trop haut, ce qui a eu des effets pervers sur leurs comportements?

Cependant...

Je suis partie de l'école, hier, quand j'ai vu les élèves démissionner, très déçue de la répression qui avait fait son chemin.

Durant les cours d'après-midi, les enseignants, sous l'ordre de la direction, ont pris le nom des élèves qui ont participé à la manifestation. Ces derniers ont été suspendus pour cinq jours... comme s'ils avaient posé un acte de violence.
Et imaginez, dans un tel contexte, si j'avais endossé le comportement des élèves, j'aurais été aux prises avec un dossier d'insubordination qui aurait été porté à la C.S.D.M. (heureusement, l'école n'y est pas appréciée), mais quand même, ça fait une belle tache. Comme je sais que nous devons absolument demander l'autorisation des parents de sortir avec les élèves, j'aurais eu tort.

J'ai été très contrariée d'agir autrement que par conscience; j'ai agi pour la sécurité des élèves, certes, mais aussi pour ma propre sécurité de travail.

Je relis ces phrases, j'ai l'impression de vivre les années duplessistes. Je songeais à demander un transfert dans une autre école, alors, c'est un argument de plus. Dommage, j'adore les élèves qui la fréquentent.

Je ne me demande plus pourquoi il y a un tel roulement de personnel à cette institution. Pour faire changement, ce n'est pas à cause des élèves.

Imaginez, on pourrait même me dénoncer d'avoir écrit ces lignes. L'adresse est disponible sur tous les ordinateurs du local des enseignants. Liberté d'expression? Faut pas que la direction tombe sur ces textes que j'ose écrire ici.

Je me dis : heureusement, y a mon syndicat. Mais encore...

Vivement cette grève en avril et mai, maintenant, je suis convaincue.

Trop de liberté, est-ce possible?

Journée de débrayage au secondaire hier. Manifestation devant la Commission scolaire (l'endroit n'est pas génial). Sont-ils concernés par la grève étudiante des universitaires?

Vers midi, la grève était déclenchée un peu partout dans les écoles de la C.S.D.M. À midi, à mon école, les élèves ont voulu se joindre à cette manifestation. Répression : la direction s'est adressée aux élèves, leur disant tout simplement qu'au secondaire, ils ne sont pas touchés par ce conflt et qu'ils n'y connaissaient rien. Menace : leurs parents seraient avisés de leur désobéissance s'ils se joignaient à ce mouvement de masse. Une direction d'école est-elle responsable d'un jeune qui prend par lui-même la décision de fuir de l'école? Hum... aucune idée... C'est pourtant bien la décision de nombreuses autres directions d'école de les laisser aller à leur manif.

Après le départ du directeur, je les ai littéralement enfermés dans ma classe (sous ordre de la direction), leur disant de s'organiser. Notez que la moitié de la clientèle de l'école sort tout droit d'Haïti. C'était à eux de décider, je leur ai dit. Ça me mettait en conflit de dire : "Eh bien, sortez!" Imaginez... dans le volet "Poésie", je leur ai présenté le film La Société des poètes disparus, film tabou dans cette école... J'ai eu la tentation de dire : Oh mon capitaine...

Selon l'optique de la direction, il s'agissait de libertés outrancières. Selon mon point de vue, les élèves étaient mal informés et mal organisés. Ils sont tenus en vase clos, et leurs parents les surveillent particulièrement pour en faire de "bons" citoyens.

Ainsi, après le fameux midi sonné, les élèves se sont tout de même rebellés, et attendaient qu'une autre école envahisse la leur, mais les portes de l'école étaient toutes verrouillées. C'était une rébellion digne de Port-aux-Princes, ça criait, envahissait les corridors, frappait aux portes des classes. Je leur ai même conseillé de vider les classes pour les entraîner dans le mouvement... Je ne suis peut-être pas compatible avec les valeurs de cette école, après tout.

Peut-il y avoir trop de libertés chez les jeunes? Suis-je trop anarchiste ? J'ai pourtant compris que même s'ils savent peu de la situation, ils ont droit de dire leur mot, ils ont une parole et veulent exprimer leur solidarité, ce qui fait partie du développement du jeune adulte. En se sentant concernés, peut-être s'informeront-ils ? Je mets en doute ici des valeurs viscérales de démocratie, sous ordre de la direction.

J'ai dormi par la suite en arrivant à la maison, crevée de cette journée. Crevée et contrariée. Pourtant, j'ai des corrections plein les mains. Les notes, le fameux capital du jeune. Les notes qu'ils auront méritées, sans tricher, sans aide, pour eux seuls. On leur montre de belles choses à l'école. Et pourtant, on est à l'heure du partage des richesses...